L’armée des morts en Corée Féodale

- Cet article a été rédigé à la suite du visionnage des deux premières saisons disponibles sur la plate-forme de streaming Netflix -
Dès les premières minutes de Kingdom, on se rend très vite compte et avec surprise que, même si le récit laissera une place de choix à la présence de ce fléau rampant dans la vie quotidienne des habitants, le scénario accorde beaucoup d’importance à des intrigues politiques qui viendront régulièrement ponctuer les péripéties de réflexions et machinations en tous genres. Une alternative sympathique et dépaysante pour tous les fans de Game of Thrones qui auraient encore du mal à faire le deuil de la fin – décriée – de cette série qui a fait tant d’émules.

Décomposition avancée

L’intrigue se déroule durant la période Joseon, quelques années après les invasions de la Corée par les japonais. On y suit les mésaventures du Prince héritier Lee Chang, qui se retrouve au cœur d’une conspiration visant à lui subtiliser le trône. Mais, en ce qui le concerne, c’est le cadet de ses soucis. Ayant eu vent de la mauvaise santé de son père, il cherche à découvrir ce qu’il se passe entre les murs de la résidence royale. Effectivement, la Reine lui interdit l’accès au palais et à leurs quartiers. Bien décidé à découvrir le fin mot de l’histoire, Lee va finir par révéler un secret qui va bouleverser la vie du Royaume. Une vérité qui va rendre encore plus fine la séparation qui est censée distinguer la vie de la mort…

Guerre et paix à la sauce zombie

Depuis déjà un moment, les morts-vivants sont une thématique qui fascine les différents médias de la culture populaire. Encore plus ces deux dernières décennies. C’est donc sans surprise qu’une série de plus gravitant autour du sujet montre le bout de son nez. Mais fort heureusement, elle le fait avec originalité, efficacité et dans un contexte déroutant et dépaysant pour le public occidental. Ce qui participe énormément au charme du show télévisé.

Librement adapté d’un webcomic – depuis décliné dans une version papier – répondant au nom de The Kingdom of the Gods, ce programme propose une alternative de qualité à tous les fans d’intrigues politiques et de pandémies zombiesques cherchant, au passage, un brin de nouveauté. En plus de proposer une époque inhabituelle pour ce genre, les tenants et aboutissants du récit ainsi que les raisons qui ont provoqué ce « désastre sanitaire » surprennent agréablement le spectateur. Avec ses personnages bien écrits et sa tension maîtrisée, on plonge sans efforts et la tête la première au cœur des rouages d’une guerre de pouvoir qui va découler sur d’horribles conséquences. Personne ne sera à l’abri de cette épidémie qui transforme les gens en cadavres ambulants assoiffés de sang. Pas même les instigateurs de cette folie…

Le prince Lee se retrouve autour d’une tourmente qui va le forcer à partir en quête de réponses. Il devra affronter la corruption au détour de luttes pour sa survie et celle de son peuple aux prises avec ces monstres qui, à l'origine, partageaient la vie quotidienne à leurs côtés. Il croisera des alliés de fortune en la personne de l’infirmière Seo Bi (interprétée par Doona Bae qui joue le rôle de Sun dans Sense8) ou encore le couard Cho Beom Pal afin de découvrir ce qui se trame dans les hautes sphères de la royauté. Les personnages remplissent à merveille leurs rôles avec des acteurs convaincants qui font honneur au déroulement bien rythmé de l’intrigue. On s’ennuie rarement et les péripéties se renouvellent assez souvent pour rendre le binge-watching quasi-obligatoire.

Une histoire écrite dans le sang

Au niveau esthétique, on ne peut qu’admirer le travail effectué sur les costumes et les décors afin de représenter au mieux la Corée de cette époque. Une fresque historique convaincante qui sert à merveille de toile de fond à une histoire de zombies originale – autant que faire se peut dans le domaine - et pleine de rebondissements. Certains panoramas sont à couper le souffle et chaque décor colle à merveille à l’ambiance de la scène qui s’y déroule : de la séquence d’un siège nocturne brutal et violent à la traversée à cheval dans une lugubre forêt pleine de mystères.

En ce qui concerne les bruitages et la bande-son, ils accompagnent comme il se doit les péripéties de l’aventure sans laisser une trace indélébile pour autant. Le maquillage des zombies font le travail même s’il arrive qu’il fasse parfois un brin « cheap ». Mais rien de suffisamment grave pour impacter le visionnage très agréable de cette sanglante épopée. Le rythme endiablé et épileptique des attaques de morts-vivants laisse souvent place à des moments d’accalmie qui font avancer les intrigues politiques et donnent des éléments expliquant les raisons qui ont provoqué cette infection. On s’ennuie rarement en plus de s’en prendre plein la vue avec une photographie qui permet de croiser des panoramas magnifiques qui deviennent rapidement le théâtre sanglant des événements de la série Kingdom.

Des zombies et des hommes : Pour conclure, Kingdom fait clairement partie des incontournables du catalogue de la plateforme de streaming Netflix. Un show TV plein de surprises qui pourrait séduire autant les habitués du genre que les non-initiés. Après le visionnage, en plus d'être impatient de voir la suite, on a qu’une envie, courir découvrir la bande dessinée qui a inspiré la série.