Le concept d'un thriller sous la forme d'une série de podcast audios est quelque chose de tout à fait nouveau pour moi. Après avoir goulûment écouté cette courte série, je me dis que d'autres concept de ce genre seraient les bienvenus.
L'Employé est une distopie racontant les entretiens mouvementés d'un Employé (sorte d'agent ayant tous les pouvoirs de l'Etat dans ses mains pour arriver à ses fins) et de citoyens variés qu'on sait déjà dans une sacrée merde au début de chaque épisode. Entre le soldat homosexuel et l'enseignante confuse, l'Employé ne s'arrête devant rien et n'hésite pas à faire preuve d'une certaine agressivité pour faire avouer leur faute aux citoyens. Rythmés par une excellente bande son, les épisodes sont prenants et crispants. La tension est là, et ça fonctionne à merveille. Les cas des différents citoyens sont variés et intéressants, dépeignant petit à petit une société dans laquelle on ne voudrait pour rien au monde vivre. L'épisode avec le trafiquant de DVD est particulièrement poignant et démontre à nouveau l'amour pour le cinéma du scénariste-réalisateur Victor Bonnefoy.
Mais que serait une série audio sans un bon casting de voix ? Un échec assurément ! Fort heureusement, Raphaël Personna mène la barque avec brio et en impose avec sa prestation d'homme froid découvrant peu à peu l'absurdité de son travail. Le reste du casting est très solide, notamment l'interprète de l'ancien prêtre, sarcastique et sadique à souhait.
Cependant, la plupart des dialogues tombent à plat à cause de l'écriture. On voit immédiatement Victor Bonnefoy tenir sa plume pour dénoncer ce qu'il déteste dans notre société. Sans même que l'on ait des préférences politiques, Bonnefoy finit par fatiguer à force de nous balancer à la figure des propos gauchistes. Et l'agressivité du personnage principal ne rend pas les choses plus simple, comme si le scénariste s'énervait lui-même. Tout fini par peser très lourd. L'écriture aurait pu être bien plus subtile pour diffuser le message plutôt que d'y aller avec la massue. Comme quoi, mettre ses convictions dans ses oeuvres n'est pas toujours la meilleure solution.
Une série très solide mais avec une écriture maladroite : pas mal du tout ! Voilà qui a un fort potentiel. Il est désormais clair pour moi que l'imagination est parfois bien plus efficace que le visuel si on y met tous nos moyens et un brin de talent. Beau boulot Victor, et donne-m'en d'autres Spotify !