Pour apprécier « L'Ile aux trente cercueils », il est indispensable de faire l'impasse sur l'aspect très vieillot de l'entreprise, à base de mise en scène pantouflarde et d'acteurs globalement peu convaincants. Si c'est le cas, il n'est pas interdit de prendre un certain plaisir à cette aventure étrange et réservant quelques surprises, le roman d'origine de Gaston Leroux étant suffisamment épais et habile pour que Marcel Cravenne en tire quelque chose d'un minimum potable. Les décors sont eux honnêtement exploités, permettant au cadre de dégager une ambiance parfois relativement oppressante, la dimension horrifique des situations s'avérant plutôt bien exploitées.
De plus, Claude Jade a beau avoir des intonations très « personnelles », elle n'en reste pas moins charmante et crédible en héroïne souvent dépassé par les événements. Après, il serait mentir d'écrire que ces cinq heures sont captivantes de bout en bout, les problèmes de réalisation restant jusqu'au bout un souci, mais si vous voulez vous donner une idée de ce à quoi ressemblait la télévision de qualité en France dans les années 70, « L'Ile aux trente cercueils » peut être un bon compromis. Honnête.