C’est un peu une comédie romantique drôle genre 7 ans de réflexion, un peu un House of Cards égaré en embrassade londonienne, un peu un Jack Rayan féminisé, un peu une docu-fiction sur la politique américaine récente avec un président très vieux, un peu un Queenmaker, série coréenne, en plus soft, un peu un United Colors of Benetton … je m’arrête là, car, sans vergogne, Debora Cahn, productrice et scénariste qui a participé à Homeland ou Grays Anatomy, emprunte à tous les genres.
Elle nous a concocté une série addictive où l’abattage de Keri Russel, la diplomate en question, emporte tout sur son passage, y compris le téléspectateur, d’autant qu’elle est bien secondée par une équipe aux fortes personnalités (son mari, son adjoint, l’agente de la CIA).
D’accord, l’intrigue est invraisemblable (l’ambassadrice est la seule pressentie pour un poste important, une offre qu’elle refuse. Comme on ne veut qu’elle, on l’envoie, pour le tester et l’inciter à changer d’avis, effectuer une mission banale à Londres. Sous la plume de scénaristes inspirés cette affectation se transforme, surprise, en épicentre névralgique d’un conflit américano-irano, russo, anglo mondial). Les dialogues sont parfois absconds (il faut avoir lu le journal Le Monde pendant un an, suivi la politique américaine et connaitre la situation en Afghanistan pour saisir le sel de certaines répliques).
Mais (je dirais même MAIS) c’est drôle, prenant, rythmé et l’alternance des différents registres évite l’ennui qu’une simple série politique avec un casting plus insipide aurait pu générer.
J’attend la suite avec impatience !
Mise à jour :
La saison 2 arrive sur nos postes de télévision (ou tablettes ou smartphones ?) et je dirais que l’on n’est pas déçu. Keri Russel gagne en charisme en insufflant à son personnage un regain de détermination et de combativité. Son mari, Rufus Sewell, toujours aussi charmeur et manipulateur, apporte un contre point rafraichissant et Rufus Sewell, premier ministre, prend de l’épaisseur.
Les scénaristes ont fait le choix osé d’entrainer la série vers un peu plus de noirceur et de gravité. On perd un peu le coté comédie des débuts, ici plus fugace, mais les spectateurs bénéficient sans doute d’une série plus en accord avec les soubresauts de notre monde.
Et puis reste ce savoir faire du réalisateur qui plutôt que de long monologues explicatifs (très présents dans nos séries françaises) préfère la suggestion. La scène où Hal Wyler, le mari, se brosse les dents pendant que sa femme, l’ambassadrice Kate Wyler, se soulage sur les toilettes en dit plus long sur leurs rapports de couple et l’ancienneté de leurs relations que des pages de dialogue. Même constat lorsqu’il lui demande de l’aide pour ôter des chaussures ou lorsque la vice-présidente en poste déroule un cours de géopolitique. Un long monologue certes mais où chaque phrase tombe comme un couperet.
Les deux premiers épisodes semblent un peu poussifs, les suivants et surtout le final sont étincelants.