Blutch et Chesterfield, mais en pas drôle!
Voir Civil War, est une expérience particulièrement émouvante.
Aucune guerre n’est une partie de campagne, une expédition héroïque, ou autres fantasmes romantiques. Il faut bien comprendre que la Guerre de Sécession fut surement la première guerre moderne à « bénéficier » des services des photographes de guerre. Aussi en sus de la modernité relative de cette guerre, par son utilisation par exemple des lignes de chemins de fer pour déplacer en masse et rapidement des troupes fraiches, des ballons d’observations, ou même des premiers sous-marins et navires cuirassés ; cette guerre a présenté au public, et ce pour la première fois toute la crue réalité de son horreur.
Oubliez donc tout de suite les charges héroïques, sabres au clair, les costumes rutilants des Tuniques Bleues en tenue d’apparat, et bienvenu dans la rude réalité d’une guerre boucherie, dans l’insalubrité des tranchées, dans l’expérimentation des chirurgiens de guerre venus faire leurs classes, dans l’ineptie de charges en ligne et au pas de courses contre des armes toujours plus meurtrières.
Bref la guerre de Sécession fut un choc pour les hommes de l’époque, un choc pour les américains, et encore aujourd’hui un réel traumatisme visuel devant tant d’horreurs et de morts ; il y a par ailleurs quelque chose d’un peu irréel et touchant à se dire que l’on dispose de vraies photos d’hommes ayant vécu une guerre ayant eu lieu il y a 152 ans, et qui nous sont présentés afin d’illustrer le documentaire..
Si le reportage de Ken Burns impose son cortège d’images chocs, il amène aussi le spectateur à suivre la vie des américains de l’époque, issus de divers milieux sociaux et origines, nous donnant à entendre (à travers la lecture de lettres et journaux intimes) comment était ressentie cette guerre au Nord comme au Sud, par l’ouvrier du Nord comme par l’esclave des champs de coton du Sud.
Ce documentaire vous fera suivre les grands bouleversements qui ont amené cette véritable confrontation de modes de vie, cette guerre de civilisations au sein d’un même pays.
Car au-delà de l’image d'Épinal d’une simple guerre des gentils Unionistes-abolitionnistes du Nord, contre les vilains réfractaires-esclavagistes du Sud, ce documentaire va vous asséner toute la complexité d’un conflit majeur, véritable carrefour de l’Histoire des États-Unis, qui produisit quelques-uns des plus grands changements sociétales de son époque.
Sublimé par la très mélancolique et touchante musique « Ashokan Farewell », ainsi que des extraits musicaux issus des répertoires patriotiques et guerriers, mais aussi de magnifiques chants d’émancipations, le documentaire de Ken Burns vous laissera comme sonné lorsque vous aurez visionné ses quatre DVD, et partagés d’aussi près la vie des soldats, des futurs anciens esclaves, des grands hommes politiques, de ceux qui se battirent pour une cause des plus noble, la fin de l’esclavagisme, l’égalité des peuples. Même si le combat contre la discrimination entre noirs et blancs fut bien plus long à trouver une réelle issue dans la société étasunienne, la Guerre civile américaine amorça ce changement salvateur dans les mentalités d’une nation.
Un documentaire poignant, d’aucun diront larmoyant, mais relativement honnête et offrant tout à la fois une vision d’ensemble et des points de vus très particuliers du conflit le plus meurtrier auxquels les américains participèrent.
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