J'ai récemment suivi une sitcom sympathique appelée "Community" (critique ici si jamais : https://www.senscritique.com/serie/community/critique/304203118 ) dans laquelle on trouvait une épisode qui parodiait la guerre civil Américaine (épisode 14, saison 3). Et d'un coup, ça m'a fait un effet bizarre ; comme si une douce brise portant l'odeur alléchante d'une lointaine madeleine de Proust me caressait les narines avec sensualité.
Je reconnaissais ce ton, ce narratif, ce style... Je connaissais ce documentaire, je l'avais déjà vu quelque part il y a moult années de cela...
Et du coup, j'ai fait mes petites recherches et j'ai fini par retrouver ce fameux docu' ; le sobrement nommé "The Civil War". Et j'en ai profité pour me le remettre un p'tit coup, parce que pourquoi pas.
Et franchement, il est vachement bien.
Bon, je ne lui ai mis "que" 7/10 en note, mais ça c'est un problème récurrent que j'ai avec les oeuvres Historiques. J'ai en effet ce satané complexe d'infériorité mal digéré dû au fait que, si je suis un passionné d'Histoire, je reste un pur profane, qui n'a pas été foutu d'aller plus loin que la L1 (j'aimerais pouvoir dire que c'est parce que ma pensée était trop subversive et corrosive pour le conformisme ronflant des petits intellectuels de salon chargés de noter mon travail, mais la réalité est tristement plus prosaïque et tient en un mot : ici ).
Et du coup, au moment de noter, j'ai toujours ce petit moment de malaise, où une part de mon subconscient me susurre à l'oreille : "Tu vas pas mettre un 8-9-10! Fais gaffe! Tempère tes ardeurs... Toi t'as peut être adoré, mais souviens toi du vase de Soissons (Trad : Henri Guillemin spotted) : tu risques encore de passer pour une buse quand un rabat-joie de prof' d'histoire pointilleux viendra nous expliquer qu'en fait tout ça c'est pour les trois quart du bullshit sans rigueur complètement dépassé"...
Donc comme je n'ai guère, à mon petit niveau, ni les moyens, ni le temps, ni l'envie, de pouvoir avec certitude, tirer le bon grain de l'ivraie à ce niveau, j'ai prit pour habitude de rester extrêmement prudent sur ce genre de choses. Et si dans ce docu' je n'ai noté aucune énormité, l'honnêteté intellectuelle m'oblige à admettre que je n'ai pas fait non plus de travail de vérification très approfondi.
Tout ça pour dire, que si j'avais vraiment noté au ressenti, j'aurais mis 8-9 facile.
Parce que, bordel de poulpe, qu'est ce que c'est bien fait. C'est prenant, immersif, touchant et instructif.
La musique vous remue les tripes. Et certain passage arrive même à m'arracher une larmichette... Alors que bon, de vous à moi, pour me faire pleurnicher sur les malheurs de l'Oncle Sam, faut se lever de bonne heure hein! On trouve difficilement plus bassement pétri d'anti-américanisme primaire que moi et pourtant! j'ai eu parfois du mal à me contenir, notamment devant la fameuse lettre, qui ferait presque fondre un choeur de pierre comme le mien ( https://www.youtube.com/watch?v=00PJClRNLIs&t=70s )...
Le fumier (ie : la guerre) peut ironiquement faire pousser de belles fleures, y a pas à dire... Ça fait réfléchir ; on vit vraiment dans une saucisse, toussa toussa....
Le docu' est long, complet, bien écrit. On passe sans cesse d'un personnage, d'un point de vue à un autre, permettant ainsi une double lecture : à la fois globale et aussi à hauteur d'homme. A la fois "Macro" et "Micro".
Au passage mon personnage préféré de cet épopée est bien évidemment le Général Grant.... J'aimerais pouvoir dire que c'est grâce à son caractère si fin et particulier, son talent d'écrivain où à sa politique d'apaisement des tensions communautaires, mais la vérité est une nouvelle fois beaucoup plus prosaïque et tient en un mot : ici)
Et ce docu' est finalement ce que j'ai trouvé de mieux pour appréhender, certes en surface, mais de manière tout de même relativement sérieuse, cet évènement majeur qui est absolument fondamental et matriciel pour la compréhension de la psyché collective Etats-Unienne.
Cette guerre (ainsi que bien évidemment la question sous-jacente à celle-ci de l'Esclavage et des rapports Noirs/Blancs) a été un traumatisme fondateur et profond pour le Peuple Etats-unien. Du niveau de nos mésaventures de 40-45 pour donner un équivalent Français. Même aujourd'hui, les traces se font encore sentir à tous les étages. C'est vraiment The traumatisme collectif outre-Atlantique...
Hein? Quoi?... Attendez, quelqu'un m'apostrophe... "Et quid du génocide des Amérindiens?" me demande-t-on au fond de la salle... Non ça, ça va, ils le vivent plutôt bien. Regardez, ils ont même appelé leurs missiles : missiles Tomahawk. En toute décontraction. Je pense que même Hitler, qui n'est pourtant pas spécialement réputé pour le poids de ses scrupules, aurait trouvé ça un peu déplacé de baptiser ses missiles V1-V2 "missile Bar-mitzvah" ou "missile Schtreimel", mais bon...
Bref, trêve de piques douteuses, concluons : un bon docu' que je conseille fortement. Et qui est au passage Ô combien d'actualité à l'heure où j'écris ces quelques lignes et où les USA se préparent à peut être plonger dans l'abime une nouvelle fois incessamment sous peu (note à moi même : penser à acheter des pop-corn pour l'occasion)....