Legend of Korra est une série complexe à critiquer car il faut prendre en compte les entraves de diffusion qui l'ont suivi sur la quasi totalité du parcours. En effet, la première saison est extrêmement décevante par son rythme bien trop accéléré en fin de course. Legend of Korra ne devait être qu'une série one-shot et c'est son succès qui a convaincu la production de relancer l'affaire. On a d'ailleurs assez rapidement remarqué les dissensions entrent le secteur artistique / scénaristique et la production pure. Ces deux se remarquent même au sein de la série. Je continue donc d'aborder la première saison qui est le véritable point de repère de tous les maux qui toucheront Legend of Korra jusqu'à sa saison finale.
On retrouve une multitude d'incohérence et d'incompatibilités avec le Lore d'Avatar : le maître de l'air. Des erreurs d'une première saison scénaristiquement infantilisée pour qu'elle puisse se contenir en une saison pour un public très jeune. C'est à croire que le désir n'avait rien à voir avec le public fidélisé par la première série Avatar, mais bien un désir de coller un un public plus jeune et moins exigeant en terme de qualité. Voici une liste non-exhaustive des incohérences et incompatibilités relevées rien que sur la première saison :
- Une avatar "accomplie" dès huit ans. Certes, sans maitrise complète
ni celle de l'air. Mais en comparaison, Aang et tous les précédents Avatar ne valaient pas une cacahuète apparemment.
- Personne n'a attendu ses quinze ans pour le lui annoncer comme en
veut la coutume depuis des millénaires, Aang ayant fait exception à cause du conflit avec le Feu.
- Les super-maitrise (électricité, métal, sang) sont super-fréquente
et même plus simples à maitriser qu'on ne le crois. A se demander
pourquoi elles étaient si rares 70 ans auparavant.
- 70 ans suffisent à transformer une culture majoritairement asiatique
en une culture majoritairement américaine. Sachant qu'à ma
connaissance, cette "culture américanisée" ne vient de nulle part.
- L'expansion technologique, en 70 ans, parait généralisée.
Heureusement, ils se rattrapent dans les saisons suivantes avec Ba-Sing-Se / Et puis ils se vautrent avec la ville en métal qui ne fait que s'enfoncer dans l'erreur des super-maitrise, incontrolable pour les scénaristes.
- La spiritualité réduite au rang de "You must meditate". Un point
assez bien rattrapé dans la saison suivante, pourtant le monde des
esprits et les esprits eux-mêmes ne ressemblent en rien à ceux que
l'on voyait dans la première série Avatar. On leur offre des
graphismes terriblement simplistes
- L'échec lamentable de la conclusion de la première saison. Avec la
perspective de perte de pouvoir, l'idée que cette super-avatar doive
tout réapprendre semblait VRAIMENT exceptionnel. Mais sûrement mû par
les exigences de la production, ils se sont réduit à faire du TGCM :
Ta Gueule, C'est Magique. Un bon gros Deus Ex Machina où Aang
apparait pour tout rendre depuis le monde spirituel. Pourtant, on le
sait, les esprits humains n'ont aucun pouvoir dans le monde
spirituel, contrairement à leurs habitants originels d'où ils tirent
les pouvoirs. C'est LA plus grosse incohérence et la plus pénible
erreur. Il faudra attendre la troisième saison pour se rattraper avec
les anarchistes.
- Le déséquilibre Maitre/Non-Maître pointé par Amon est balayé. L'Avatar Korra ne trouve et n'applique aucune solution à ce véritable problème d'ordre social et politique. C'en est déroutant quant au message délivré. Reste à ta place, ne cherche pas à faire évoluer les choses
- Une trop grande attention portée au jeu compétitif qui rappelle les
pires animés japonais. Tout est fait dans les saisons suivantes pour
effacer ce sujet et l'oublier.
Voici donc pour les points qui concernent la PREMIERE SAISON.
Ce sont des erreurs avec lesquels les créatifs ont dû jouer tout le reste de la série, et on sent bel et bien que ce n'était pas pour leur plus grand plaisir. S'ils parviennent à récupérer la plupart des manquements, ils sont contraints d'accentuer d'autres problèmes jusqu'à aboutir à un résultat final si proche du point Godwin qu'il semblait idéal d'arrêter la série là. Fort heureusement, ce sont les SEULS problèmes que j'ai à reprocher à Légend of Korra, et c'est en soi un exploit de pouvoir récupérer un tel gâchis markéting.
En effet, les saisons suivantes rattrapent vraiment l'ensemble de la série et les seuls moments où on se retrouve face à quelque chose de dérangeant, il s'agira systématiquement d'une erreur liée à un des points ci-dessus. Des erreurs cohérentes aux erreurs initiales, en somme. Je ne crois pas que ce soit la méthode idéale, il aurait sûrement été plus efficace de relancer Legend of Korra depuis zéro, mais comment négocier ça lorsqu'on n'est pas légèrement indépendant.
Nous sommes donc dans un cycle de l'excès et de la surenchère, initiée dès ses débuts, mais réellement maitrisé avec talent dans sa suite et c'est pour cette raison que la note globale reste élevée. Les sujets abordées dans les saisons suivantes sont réellement captivants. On se plonge au coeur de la spiritualité dans un second temps, avec un exceptionnel travail artistique lors de l'épisode sur l'Avatar Wan. La troisième saison nous permet de revivre une bien meilleure mise en abime de Korra que lors de la première saison avec un groupement anarchiste qui présente une nouvelle gamme de super-maitrises. (Enfin, presque nouveau et presque unique) La quatrième saison reste cependant en dessous. Elle est la contrainte provoquée par cette accumulation de super-maitrises et force à aller dans un sens unique qu'on n'envisageait pas. On reste loin des tensions connues avec la lutte entre Aang et Ozaï, vraiment très loin, mais on nous offre un voyage initiatique pour l'Avatar Korra qui s'est perdu.
Pour conclure et pour résumer. Vous aurez remarqué que ma critique se concentre essentiellement sur la première saison tout en restant en surface pour les saisons suivantes. Je ne pensais pas utile de m'engouffrer dans un spoiler complet. Legend of Korra est une série qui demande de passer le cap de la première saison (qui vaut bien 4/10) pour entrer dans une suite de saison dont la qualité est constante. (8~)
Pour autant, je ne souhaiterais pas la revoir une seconde fois alors qu'à l'inverse, j'ai revu l'intégralité du dernier maitre de l'air plusieurs fois. En réalité, je pense que la continuité de la franchise Avatar se trouve dans son passé, non dans son avenir. J'adorerais en savoir plus sur Koh, le voleur de visage, par exemple.