Bon aujourd'hui où j'ai un peu le temps je vais vous parler de cette série, parce que j'y tiens et parce que j'ai envie d'expliquer pourquoi cette note parfaite. Petit aparté : si je peux facilement mettre 7 dès qu'une œuvre m'a un tant soit peu plu, je réserve les notes au-dessus pour ce qui a selon moi de vraies qualités.

D'abord un peu d'historique.
Au départ, quand le chatpitre était petit, cette série passait encore sur la première chaîne, et le chatpitre, même si de cette époque il ne se souvient que de deux ou trois épisodes, et bien il ne faisait pas du tout le pitre... c'est que c'était assez impressionnant, ça foutait pas les jetons mais pas loin ces histoires kafkaiennes en noir et blanc.
Plus tard, le chatpitre, a revu certains épisodes dans l'émission continentales d'Alex Taylor, mais à cette époque il cherchait surtout à perfectionner son anglais. Puis le temps passa...
Bon et puis récemment, j'ai pu revoir cette série avec un peu plus de recul et même si à mon âge ça ne peut plus faire peur, mais j'en apprécie mieux la profondeur.

The Twilight Zone est la série qui démocratisa le fantastique et la science-fiction à la télévision. Son créateur Rod Serling n'était cependant pas si féru de ces genres, qui étaient pour lui plus un moyen de contourner la censure et de parler de thèmes qui lui tenaient à cœur.
C'est qu'avec une acuité rare, Serling perçoit comment la société de consommation nourrit et se nourrit des insatiables désirs humains. Ainsi nombre d'épisodes mettent en scène de petits personnages au fond médiocres mais qui en arrivent rapidement à une véritable folie des grandeurs, ce qui leur réussit rarement... en contrepoint, d'autres épisodes sur des personnages excentriques ou vaguement losers sont eux moins noirs, on y sent une certaine tendresse de la part des auteurs.
Il perçoit également bien à quel point l'Amérique des années 50-60 se croit puissante et sûre d'elle-même, et à quels dangers peut mener cette sensation grisante.
Face à cela, paradoxalement par le biais du fantastique et de la SF, Serling invite ses contemporains à garder les pieds sur terre (le message garde une certaine force aujourd'hui car ça n'a pas fortement changé). Le vernis de civilisation de nos sociétés n'empêche pas les individus de dérailler, que ce soit dans la quatrième dimension ou dans la réalité.
Ensuite cette série fut également novatrice dans son approche du fantastique et de la SF : avec les scénaristes Charles Beaumont, Richard Matheson (oui, l'auteur de "Je suis une légende") et quelques autres participant ponctuellement dont Ray Bradbury, Serling dépouille la SFF de son aspect "gothique". Non pas que le gothique soit spécialement mauvais, mais il n'est plus assez contemporain et familier au vingtième siècle, plus vraiment surprenant. Certains épisodes font intervenir des anges, se déroulent au paradis ou en enfer, mais ceux-ci prennent des aspects réellement nouveaux, modernes et propres à choquer le spectateur. Dans d'autres, Serling ou Matheson interrogent l'ambiguïté entre rêve et réalité dans des épisodes qui annoncent les oeuvres du grand écrivain de science-fiction Philip K. Dick.

Une nuance à apporter à la dithyrambe que je suis en train d'écrire : vu avec le recul, certains épisodes sont aujourd'hui quelque peu prévisibles dans leur chute. Pour d'autres, cette chute est même éculée. Cela dit, elle a malgré tout une certaine force la plupart du temps, et ne se voit pas forcément venir.

Quant au casting, il est à faire se damner un cinéphile et un sériephile, jugez plutôt les acteurs qui sont passés dedans :
Martin Landau, Ron Howard, Burgess Meredith, Patrick Macnee, John Carradine, William Shatner (captain Kirk de StarTrek ;)), Sydney Pollack, Agnes Moorehead, Charles Bronson, Elizabeth Montgomery, Peter Falk, Lee Marvin, Robert Redford, James Doohan, Dennis Hopper, Anne Francis, Robert Duvall...

Que dire de plus ? Bien sûr tous les épisodes ne valent pas 10, et aucune série ne saurait être parfaite, mais il en est tout de même certaines qui nous donnent l'illusion de la perfection. Et pour cela et pour l'influence (énorme) qu'a au cette série sur les films et séries contemporains, mérite bien la note parfaite.
Silentium
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le 1 avr. 2013

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Florent

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