Les séries françaises de genre sont rares, et ce qui est rare est cher, et souvent incompris. La Révolution qui, comme son nom l’indique, inscrit son intrigue aux abords de 1789, est une uchronie fantastique. Elle peint cette période violente en la plaçant sous le sceau d’une épidémie sanglante frappant les nobles et qui entraîne une réponse conséquente du peuple. L’ensemble est donc violent, sombre, souvent gore, dans un esprit proche du Pacte des Loups de Christophe Gans auquel il emprunte de nombreuses thématiques et des effets esthétiques. On y perçoit aussi une influence moderne, en provenance de jeux vidéo comme Assassin’s Creed ou The Order 1886, ce qui ravira les geeks. Que de bonnes idées au départ. Au départ, certes, mais par la suite, cela se gâte.
En dépit des bonnes intentions des créateurs de cette série, les premiers épisodes possèdent tous les ingrédients pour dérouter et dégoûter le téléspectateur lambda, peu au courant des univers sus cités. La narration est confuse, mêlant flashbacks, voix-off, contrepoints et scènes oniriques. Il est parfois difficile de comprendre quoi que ce soit au milieu de ce capharnaüm. Le mélange des genres est également assez mal maîtrisé, car on y trouve pêle-mêle du fantastique, du zombie, du vaudou, de la science-fiction à la Frankenstein, du roman d’aventure, de la romance, du thriller politique et de la défense des minorités opprimées. Le tout, sous couvert de dénoncer les dérives des puissants, s’enlise dans une démonstration lourdingue, confuse, appuyée par des incohérences et des hyperboles, associées à des anachronismes qui auraient pu être mieux amenés.
Ajoutons à cela des réalisateurs qui en font des tonnes. Si les paysages sont magnifiques et les contrastes de lumières savamment dosés, si les effets spéciaux sont de qualité et les décors variés, il n’en reste pas moins que cette série peine à décoller. Les personnages eux-mêmes ne parviennent pas à obtenir l’adhésion, tant ils sont nombreux, pas toujours bien fouillés. Le médecin Guillotin incarne un savant fou en avance d’un siècle qui ferait passer Pasteur pour un sous-doué. Quant à son frère, il est l’archétype du héros ténébreux de film d’aventure qui revient d’entre les morts. Élise de Montargis est difficile à suivre. D’abord évanescente et uniquement cadrée dans son décolleté, elle devient une révolutionnaire. Son oncle est lui une caricature d’opposant, capable des pires crimes, tout comme ses hommes de main, dont le plus vil massacre un bûcheron deux fois plus grande que lui et armé d’une hache avec une paire de ciseaux à ongles. Tout n’est pas à jeter, loin de là, mais on pouvait s’attendre à mieux, soit en poussant le côté gore et charme comme dans Orgueils et Châtiments zombies, soit en accentuant l’étrange à la manière de Gans, soit en poussant le côté jeux vidéo. Malheureusement, nous sommes entre tout ça, un peu nulle part, et il faut attendre le troisième épisode sur huit pour ça décolle.