Harry Quebert est intéressant, notamment sur l'approche et les tourments des écrivains devant la page blanche et les pressions éditoriales mais aussi la force du marketing aujourd'hui.
Par ailleurs, la série est brillamment portée par ses acteurs.
Outre ses deux grands atouts dans sa poche, ce thriller propose une histoire intrigante jusqu'au dernier épisode, ce qui rend les 10 épisodes plaisants à suivre et sans réel temps mort. Ainsi, alors que la construction penche sur sa première moitié sur une alternance de vérités dévoilées au compte goutte, et alors que la lassitude guette au tournant, le feuilleton enclenche heureusement la vitesse supérieure pour terminer tambour battant avec moultes révélations et rebondissements.
C'est bien là pourtant que Quebert affiche ses limites. L'intrigue qui jusqu'ici faisait parfois tiquer sur des incohérences assez grosses, s'enfonce en les approfondissant provoquant des plaies béantes dans la mécanique. Le livre probablement masque mieux ses lacunes par du non dit et l’adoption visuelle est probablement trop fidèle pour ne pas nous mettre la puce à l'oreille.
Annaud se montre d'ailleurs bien trop sobre dans sa mise en scène pour faire décoller cette vérité avec une lumière et une photo sacrément balisée (flask-backs sépia baignés de soleil couchant, musique clichée et montage neutre).
Reste enfin notre regard sur Quebert lui même, et de sa relation avec sa lolita et notre sentiment sur cet amour problématique de bout en bout.