Un vilain hybride signé Netflix

Parfois on se demande qu'est-ce la vie. Moi depuis quelques jours je me pose une question similaire mais avec autant d'importance (si si, c'est vrai) : qu'est-ce que La Vie sur notre planète, sérieusement ?

Immense passionné de la préhistoire et des séries BBC qui ont su si bien lui donner vie, j'attendais cette tentative signée Netflix avec un intérêt modéré. Faut dire qu'avec Prehistoric Planet qui m'avait mis une claque monumental avec seulement 2 épisodes (toujours pas pu voir le reste parce que l'abo Apple TV ça fait mal quand même) mes exigences et mon espérance avaient atteint des sommets... pour mieux tomber et s'écraser après visionnage.

Je vais être objectif : la série en soit est tout à fait correcte. Les épisodes sont intéressants, sublimement filmés (c'est aussi un défaut, on y revient) et remplis d'espèces d'aujourd'hui et d'avant qui méritaient amplement leur petit instant de gloire. Surtout, on laisse la place à d'autres animaux que les dinosaures, chose que je valide à 100% puisque j'ai toujours trouvé l'avant et l'après période saurienne plus passionnante niveaux bestiole. Et puis y'a Lorne Balfe quand même ! Le compositeur que personne connait mais qui fait actuellement un travail bien plus mémorable que Hans Zimmer par exemple.

Ok tout ça c'est bien joli, mais maintenant place à l'écharissage du bestiau, parce que ça commence sérieusement à me démanger là. A mes yeux la série est ratée, pas dans son propos mais dans son exécution. Expliquer comment les espèces ont su s'adapter avec le temps et dresser des parallèles avec les animaux d'aujourd'hui, pourquoi pas, ça crédibilise le documentaire. Le problème, c'est qu'après avoir assisté à une séquence préhistorique pas toujours excitante (oh on va y revenir), la série fait automatiquement un bond dans le présent pour dresser le parallèle entre un T-Rex et un macaque. Déjà c'est un peu frustrant puisqu'on est là pour le côté préhistorique, mais en plus la série enchaîne avec un AUTRE animal actuel, si bien qu'une fois le générique de fin arrivé, on a la sensation de n'avoir pratiquement rien vu de ce passé excitant que voulait montrer la série. Non seulement ça sent l'arnaque, mais en plus ça pue le cache-misère. On dirait clairement un moyen de rogner sur les coûts en réduisant la quantité d'effets spéciaux. Le concept devient un sale prétexte pour moins dépenser. Cette étrange hybridation amène un autre problème qui pour moi plante le dernier clou dans le cercueil. En passant régulièrement d'images réelles à celles en synthèse, on a aussitôt l'impression que tout sonne affreusement faux. Les effets spéciaux, bien que très détaillés car signés ILM (quand même), ne sont souvent guère convaincants. Quelques exceptions ont fait décrocher ma mâchoire, mais je reste déçu par la qualité, surtout après le réalisme tonitruant de Prehistoric Planet. Et même au niveau des comportements animaliers ça marche pas. C'est trop souvent cartoonesque, les créatures sont trop expressives, chose que Sur la terre des dinosaures avait compris lui... et c'était en 1999 bon sang ! Et c'est quoi ces forêts en CGI dégueulasse ? Ils pouvaient pas aller filmer sur place, comme 90% de la série ? Ils pensaient vraiment qu'on tomberait dans le panneau ? Et c'est quoi cette idée de réduire les bêtes préhistoriques à des monstres effrayants ? C'était pas un documentaire à la base ? Et c'est quoi cette façon de filmer qu'a Netflix ? C'est joli, hein, je dis pas le contraire, mais au bout d'un moment j'y crois plus du tout au subterfuge du documentaire. On dirait plus du Colin Trevorrow qui se croit encore génie sur la saga Jurassic World. Transition parfaite : Spielberg en tant que producteur exécutif, c'est que pour faire joli sur l'affiche, faut pas se faire d'illusion.

En somme, le pire crime de La Vie sur notre planète, c'est de livrer un documentaire avec pour principale attraction la préhistoire mais de n'impressionner qu'avec les vrais animaux. C'est bête, parce que ça, ça existait déjà : ça s'appelle Notre planète, et c'est signé Netflix.

Oui je fais la gueule, oui je suis pas content. Oui la série est regardable et oui en soit je suis heureux qu'elle existe car plus il y a d'animaux préhistoriques plus je suis heureux. Mais quand même, heureusement qu'Apple a un peu plus de couilles que Netflix et que le créateur de Sur la terre des dinosaures reviendra prochainement avec une nouvelle série... parce que sinon c'est bientôt le retour de l'extinction.