Un meurtre est perpétré au sein d'une prestigieuse Faculté de Droit "Hankuk".
Menez l'enquête auprès de Yang Jong Hun (un ancien Procureur, reconverti en Professeur de Droit Pénal) et sa bande d'étudiants : Quelle est la pièce manquante du puzzle? Saurez-vous mettre la main sur le mystérieux LawSociopath?
Avec un casting de rêve au synopsis séduisant, je m'attendais à un rythme palpitant, du début à la fin. Pourtant, tout avait si bien commencé : un départ sur les chapeaux de roue pour finir dans une mêlée brouillonne, un vrai capharnaüm. Pourquoi donc?
On entre directement dans le vif du sujet, avec un jargon juridique (indigeste) omniprésent : vous êtes prévenus, aucun répit.
Outre l’énigme criminelle, le processus de ces jeunes aspirants avocats ou procureurs défile sous nos yeux, ils réalisent ce que le droit et la justice signifient vraiment. Bon nombre d'obstacles ébranlent leurs convictions avec son lot de désillusions.
D’ailleurs, le générique annonce la couleur : «Truth And Justice Only By Law »
Cette devise me fait doucement rigoler.
Petit aparté politico-judiciaire :
Les citoyens coréens se sont battus depuis le début des années 1960 contre la dictature militaire pour enfin réussir en 1987 à établir une démocratie parlementaire libérale. Sous les gouvernements libéraux entre 1998-2008, la démocratie a pris un élan remarquable faisant l’envie de bien des pays asiatiques. Cependant, depuis la prise du pouvoir par le parti conservateur en 2008 et 2013. La démocratie est en difficulté en raison des abus de pouvoir, de la corruption des politiciens et des fonctionnaires, de la collusion politiciens-hommes d’affaires et, surtout, de l’incompétence et de la malhonnêteté du personnel du bureau présidentiel.
La Corée connait une crise politique profonde qui a poussé 13 millions de citoyens à descendre dans la rue afin de protester et d’exiger une solution à cette situation difficile.
Ce que dénonce à juste titre ce drama parmi tant d'autres.
Citons à titre d'exemple, les affaires retentissantes qui ont fait trembler les murs de la Maison Bleue, impliquant des figures politiques haut placées. Force est de constater que la corruption est un véritable fléau :
- Le Scandale Choi Soon-sil, appelé aussi Choigate : L'ex-Présidente Park Geun-hye a été condamnée par un tribunal de Séoul à 24 ans de prison dans le procès du retentissant scandale de corruption qui avait entraîné sa chute. Elle avait été destituée et arrêtée en 2017, pour corruption, abus de pouvoir ou encore coercition.
- En 2019, l'ancien Ministre de la Justice sud-coréen, Cho Kuk, a été inculpé d'une dizaine de chefs d'accusation de corruption, Il s'agit d'un revers pour le Président Moon Jae-in, qui avait choisi ce proche conseiller pour prendre la tête du Ministère de la Justice et mener une réforme du bureau du Procureur.
Les premiers épisodes m'ont captivé sans temps mort. Puis au milieu de la série, c’est un revirement total, je passe d'un enthousiasme exaltant à un désenchantement sans précédent. Une partie de rubik's cube se joue dans mon cerveau. Le fil conducteur s'éloigne de son intrigue principale, et gravite sans cesse autour de l'essentiel avec une surenchère de situations inextricables, tarabiscotées (non-exploitées à leur juste valeur, qui sont d'ailleurs laissées en plan). Des batailles juridiques font rage, truffées de manipulations à dormir debout, avec une belle part d'absurdité.
On corse le tout avec des personnages à foison. Quelques uns n'ont franchement pas d'intérêt particulier, si ce n'est de nous embrouiller davantage
(Ex : le coup de la sœur jumelle, un peu grossier)
Évidemment, je n'ai pas réussi à mémoriser tous leurs noms, déjà qu'en temps normal c'est la croix et la bannière. Petite facétie : ils se sont amusés à donner le même prénom à deux personnages.
La valse de la complexité bat son plein : en pleine discussion cruciale, on nous assène de flashbacks récurrents.
Ma curiosité m’a emmenée jusqu'au bout, mais surtout grâce aux acteurs. Sans eux, j’aurai probablement jeté l’éponge. Quant à la bande sonore, minutieusement choisie, elle se fond à merveille dans chaque situation.
En effet, le casting est absolument remarquable, d'une qualité irréprochable. Parmi la foultitude de personnages, aucun ne s’est montré rédhibitoire dans son jeu. Chaque acteur-rice semble à l’aise, et campe son rôle avec justesse et crédibilité. La fourberie de certains m’a fait sortir de mes gonds (preuve qu’ils ont été convaincants!).
Le groupe d’étudiants se compose de caractères opposés aux milieux sociaux différents, pour mettre en valeur leur complémentarité. Malgré une féroce compétition, une solidarité se tisse entre eux pour faire bloc face à l’adversité.
Un trio de choc se démarque avec délectation.
Kim Bum revient sur le devant de la scène après un hiatus de 4 ans (2ème drama depuis son retour). Son naturel déconcertant est toujours au rendez-vous, il jongle avec brio entre mystère, émotion et intelligence subtile. Même avec une coupe au bol (dégueulasse)* et un look frôlant le sac à patate, son charme reste intact. *(C’est la coupe tendance coréenne depuis belle lurette, faut leur dire que c’est vraiment moche). Je m’éloigne de nos moutons, on n’est pas là pour assister à un défilé de mode ahaha.
Un vrai coup de coeur pour "eh toi, le chignon" Ryoo Hye-Young (et sa petite sœur, une bouille à croquer au talent brut) : un rayon de jovialité dans cet univers austère tiré à 4 épingles. Espiègle indisciplinée, d’un altruisme spontané, elle pétille d'une fraicheur naturelle.
Mention très spéciale au brillant Kim Myung-min, le prof stoïque à la voix grave et autoritaire. Il s’impose physiquement par sa prestance au sang-froid imperturbable et une répartie en toutes circonstances. Ce qui le rend plus que crédible dans cette posture juridique.
Le fabuleux casting ne sauve pas la série d’une mise en scène confuse et désordonnée, aux sempiternels clichés. Le réalisateur s’est égaré en cours de route, pour se vautrer dans un bourbier sans fin. Peut-être que les étudiants (ou professionnels) en droit y trouveront leur compte, ou dans quoi se reconnaitre.
Les mots qui me viennent à l’esprit pour exprimer ma grande déception : Des nœuds au cerveau pour un dénouement final bien en deçà de mes (grandes) attentes. Avec un air de déjà vu. Ma conclusion parle d'elle même. « L’injustice reste la plus cruelle des violences ».