...qu'il était Durendal.
Critique rédigée en mars 2020
Sujet précaire que le cas du Cinéma de Durendal, réputé par une large communauté de cinéphages pour ses bourdes historiques et comportements suspects vis-à-vis de ceux qui le contredisent. En l'espace d'une dizaine d'années en matière de critique, Timothée Fontaine a surtout su faire parler de lui grâce à ses avis minoritaires discutés à travers les vlogs et (plus discutable) Pourquoi j'ai raison et vous avez tort, énervant autant qu'il provoque un certain ricanement général.
Concernant ses vlogs, c'est un format classique sans montage ni fond sonore qui se laisse écouter (il n'y a quasiment rien à voir...) assez facilement dès lors qu'on conçoit qu'on puisse trouver davantage de choses à dire sur Resident Evil que sur Jacques Tati. Pour les Pourquoi j'ai raison..., ce sont des analyses film par film d'univers cinématographiques à tendance populaire dans lesquelles notre Dudu national démontre qu'il connaît son support, mais sans jamais réellement approfondir ou nuancer ses propos.
Effectivement, de là vient le principal problème du Cinéma du Durendal: l'argumentation. Elle va rarement plus loin qu'un simple cryptage de film au premier degré lorsqu'il s'agit de traiter d'un film de genre, et dès lors qu'il défend un film globalement mal-aimé c'est très rarement convaincant étant donné qu'il montre à quel point il patauge à trouver une interprétation fiable. De plus il est toujours capable de débiter n'importe quelle justification bidon possible pour que nous l'excusions de ses méconnaissances et erreurs en tout genre, donc je ne puis protester contre le fait qu'il s'attire sans cesse les foudres des auditeurs.
Timothée Fontaine en tant que tel a démontré plusieurs fois à quel point son niveau d'intérêt vis-à-vis de l'art est au ras des pâquerettes (géographiquement et historiquement, allant rarement plus loin que les années 80), et qu'il se surestime en raison de ses études. Il se remet rarement en question sur ses fautes et préfère détourner l'idéologie des films qu'il vulgarise au lieu de les expliquer tels qu'ils sont.
Pourtant, au-delà de l'image radicalement méprisante et désintéressée qu'il se donne, je fais partie de ceux pour qui Durendal suscite nombre de moments carnavalesques par le cynisme et l'anticonformisme diffus de ses vidéos, quelle qu'en soit la qualité. Que ce soit les comparaisons inadaptées ou les contournements des films, et franchement, comment résister au plaisir coupable d'un bon vieux "C'est pas ma came !", "[...] et tout le bordel", ou autre "On va voir cela dans quelques instants et vous allez fermer vos gu..." quand on veut jouer au gars compliqué ou qu'on s'amuse entre amis ? Personnellement, je n'y peux pas.
Le format de ses vlogs me satisfait, puisque dès lors que je clique sur la vignette je suis certain de ne pas me faire agresser par une musique mal montée surgissant comme un cheveu sur la soupe (pour moi qui ait tendance à écouter les vidéos plutôt que les regarder en plus). Et ça, c'est bien plus honnête que n'importe quel vidéaste amateur se servant des effets visuels de Movie Maker comme cache-misères Durendal par le cliché du spectateur moyen qu'il est, est attachant car il possède l'audace d'offrir une seconde chance à des films mésestimés (à juste titre ou non).
Même si ses camarades Fossoyeur, Panda et surtout Monsieur3D (désormais en retrait, pour mon plus grand regret) livrent un travail bien plus hétérogène, il m'est difficile après tant d'années de ne rien trouver à sauver chez Durendal. À condition de prendre ses avis avec des pincettes, sous peine de tomber dans le panneau au sujet du Nouvel Hollywood ou de la substantifique moelle de Parasite, il est agréable à écouter. Le vocabulaire technique, ce n'est toujours pas sa came, on l'aura compris, mais dès lors qu'il l'emploie c'est assez simplement formulé pour parler au plus grand nombre et ne part pas dans des théories farfelues et guère de son niveau.