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L’ère Disney de Star Wars continue son expansion via le petit écran avec The Book of Boba Fett. Autant dire que la machine est belle et bien lancée car l’offensive de Disney ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Si tout va bien, cette quatrième série inaugura une année riche en productions Star Wars avec notamment les futures histoires sur Obi-Wan ou encore Andor. Mais ici il est d’abord question de s’attaquer à une pointure : Boba Fett. Soit le célèbre chasseur de primes qui a fédéré autour de son personnage un nombre conséquent de fans simplement parce qu’il puait la classe.


Le programme est classique : l’ancien chasseur de primes s’accapare le trône de Jabba le Hutt et devient le nouveau baron du crime sur tatooine. Il sera question d’une quête de pouvoir qui renforce cette mise en scène à la western héritée du Mandalorian, même si on y ressent parfois aussi le style mafieux. Dîners tendus, confrontations de regards, dialogues élégants, jusqu’à Boba en boss exubérant se reposant sur sa puissance dans un trône (à défaut d’un fauteuil en cuir). Assurément, l’hyper-esthétisme de la série est aussi badass que son anti-héros.


Mais ne nous voilons pas la face, objectivement la série oscille entre le bon, le moins bon, et parfois le très mauvais. Cette inégalité de qualité entre les épisodes est d’une part la conséquence de la nature même de cette série : on sent bien que Disney nous file les miettes de The Mandalorian pour les grignoter en attendant la saison 3. D’autre part la faute revient aussi à des péripéties d’un passé guère passionnant dans une période anecdotique : celle qui se situe après la sortie du Sarlacc auprès de la communauté des hommes des sables. N’ayons pas peur de le dire, Disney n’a sans doute pas pris la peine de convenablement réfléchir à sa direction narrative et navigue alors à l’aveugle sans suivre aucun cap. A peine sommes-nous immergés dans la narration qu’on nous en sort violemment car nous passons plus de temps dans les flashbacks et dans d'autres intrigues qu’auprès de l’ascension de Boba.


En résulte un charcutage qui, par moments, affaiblit une narration qui peine déjà à s’épaissir avec des épisodes relativement courts. Certains font trente minutes, d’autres frôlent une heure complète. Mais le problème reste le même avec une utilisation du flashback qui constitue pendant la première partie la plus grande part des épisodes, tandis que la seconde partie de la série s'autorise même des épisodes entiers sans Boba Fett. Certes, l’esthétisme de certaines scènes auprès des hommes des sables tape dans le mille, de même que quelques autres surprises, mais l’image qui motive le visionnage de la série reste celle d’un Boba Fett prenant possession du trône de Jabba. On aurait alors aimé que ce soit cette l’histoire qui soit privilégiée plutôt que de tergiverser ailleurs jusqu'à renier le titre de la série.


Mais puisqu’il s’agit ici des aventures du plus badass des personnages de l’histoire d’origine, il convient de se demander ce que Disney fait de Boba Fett et s’il le respecte. Là encore le résultat est inégal avec autant de moments de bravoure que de déchéance, même s’il s’agit en vérité de ce qu’il y a de plus souhaitable sous l’ère Disney compte tenu de son passif criminel. C’est comme si le studio avait décidé de tirer des leçons du massacre des épisodes VII, VIII, IX en évitant les écueils les plus graves : à défaut d’originalité cette série ne saccage pas sauvagement son univers. Il n’y a que des irrégularités, des fautes de goûts parfaitement évitables qui sévissent ici et là, même si elles sont déjà suffisamment gravissimes pour les souligner.


A l’instar de ces moments où l’identité mielleuse de Disney influence le traitement du protagoniste : Boba est trop bienveillant dans certaines circonstances et ne représente plus le « Clint Eastwood de l’espace » qui pouvait faire tant vibrer par son charisme. Une caractéristique nouvelle de sa personnalité qui tranche avec son tempérament de brute dans la saison 2 du Mandalorian qui avait définitivement bien mieux compris le personnage. C’est un déclin évident de Boba Fett. Un sacrifice qui marvelise un personnage culte pour le mettre au goût du jour. Le plus gênant reste encore que la seule manière d’accepter ce changement est de se consoler en se disant que le traitement de Boba Fett dans sa série n’égalera jamais le stade des traitements irrécupérables d’autres personnages. Tels que Han Solo, Palpatine, ou encore Luke dès la réutilisation de l’univers Star Wars par Disney.



Conclusion :



The Book of Boba Fett n’est pas une aventure fraîche car elle prend sa place avec les valeurs sûres qui ont fait le succès de Star Wars en termes de styles, d’influences, de genres, et de tonalités. Et même si quelques fautes de goûts sévissent ici et là on retrouve la légèreté globale de la trilogie originale qui aimait faire l’union impossible du comique et du drame. Le tout est saupoudré par l’approche de The Mandalorian, soit un sens de l’effet pratique et une propension à l’inspiration façon Kurosawa, western spaghetti, braquage, et le style mafieux fort à propos avec le contexte de la série. C’est modeste, pas forcément exploité comme il faut, mais c’est bien là.


Reste que le résultat global est inégal car on pouvait espérer bien plus et bien mieux. Il y a une incapacité totale à raconter une histoire, des personnages secondaires inintéressants, et un Boba Fett qui flétrit illogiquement en dehors de quelques rares instants de bravoure pour être à la mode des divertissements modernes.



Jabba ruled with fear…
I intend to rule with respect.


Death Watch

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