Matérialisme mercantile mal dissimulé

"Look how they massacred my boy" dirait le Parrain.

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Et le parrain de la saga Mark Hamill a lui-même déclaré des propos similaires, c’est dire.

Cette série souffre des mêmes symptômes que The Mandalorian et des autres productions Star Wars by Disney : on ne cherche plus à dériver des produits à partir de l'œuvre, on cherche à vendre des produits et on créé une œuvre pour le faire. Cette rhétorique mercantile change les priorités vis-à-vis de l’intention de création, et ça se voit. Du matérialisme à outrance, devenant le ressort scénaristique principal : la quête d’objets, leur fabrication et leur passation. Chaque épisode de ces 2 séries (car oui elles souffrent du même opportunisme mal dissimulé) comporte pléthore de scènes et de plans - si ce n’est l’épisode entier- qui crient “achète-moi”, au point où mettre le lien cliquable pour acheter le set Lego ou la peluche m’aurait paru plus honnête pour le public et plus rentable pour Disney. Et ce "syndrome Star Wars" arrive à bout de souffle, de part le manque de qualité proposé en retour, censé nous faire oublier que ces productions ne sont que des publicités grandeur nature (Pixar par exemple y parviennent, même si eux aussi ça s’estompe peu à peu).

L’existence de cette série comble un second besoin mercantile : le remplissage du catalogue Disney+ par du contenu étiqueté Star Wars. Et en parlant de remplissage, la série elle même est étirée sur 7 épisodes quand bien même 2 auraient suffit à raconter la même chose. D’autant que la construction du récit avec les flashback ralentit davantage la série, inutiles qui plus est car on sait qu’il va bien s’en sortir. Ça ne raconte rien, et lentement en plus. La torture a un visage, c’est celui de Boba Fett. Et en parlant de son visage…

"Cache-moi ce visage que je ne voulais pas voir"

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Le face reveal dans The Mandalorian m’avait déjà surpris, dans le mauvais sens du terme. La contrainte de ne pas montrer le visage - et donc les émotions qui en émanent - demandait à la mise en scène un effort supplémentaire et des alternatives pour transmettre ce qu’était ressenti par le héros casqué. Ce qui conférait au personnage un caractère mystique pas désagréable et la possibilité à chacun de s’y identifier ! Un choix visiblement pas du tout assumé puisqu’on décide finalement de montrer son visage, ce qui annihile complètement les avantages qu’offrait ce non-dit (ou plutôt ce non-montré). Pire, la série s'impose elle-même cette contrainte pour la faire valdinguer à la première occasion, ou comment créer un revirement palinodique. Contrainte qui a tout de suite été écartée par Le Livre de Boba Fett en montrant son visage dès le début et… tout du long. Moins pire me diriez-vous, mais cela va tout de même à l’encontre de l’essence du personnage. Si tant de gens l’ont apprécié dans la trilogie originale (au point d’en faire une série), c’est par son caractère justement mystérieux. Montrer son visage est donc la pire chose que l'on pouvait lui faire subir, après bien sûr le fait de l’avoir ressuscité. La checklist de tout ce qu'il ne fallait pas faire se remplit...

"Cache-moi ce visage que je ne voulais pas voir, bis"

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Mention spéciale aux recréations faciales numériques qui évoluent. Elles étaient jusqu’alors honteusement irréaliste, moches et coûteuses comme dans les précédents Star Wars (si Rogue One a 1 défaut c’est bien celui-là) ou dans The Irishman, et étaient mises à l’amende par un youtubeur qui optait pour une technique différente : le face swap, avec le visage du même acteur mais plus jeune (à partir d'images des anciens films de ce dernier). 1 seul mec dans sa chambre qui produisait un résultat plus réaliste que des sociétés de production hollywoodienne entières (Scorsese t'as déconné vieux). Pas étonnant que le boug se soit fait embaucher par les principaux intéressés, et que l’on voit désormais le fruit de son travail porté à l’écran. Une évolution certes, mais cela reste inhumain, dans tous les sens du terme.

"Vous comptez parler de Boba Fett dans votre série sur Boba Fett ?"

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C’est en arrivant vers la fin de la saison qu’un épisode est consacré au Mandalorian. Rien de mal à ça, bon nombre de séries dédient un épisode à un personnage ou à un événement annexe de la quête principale. Mais lorsqu’1 semaine plus tard un deuxième épisode lui est consacré, force est de constater que l’on a été embarqué sans notre consentement dans une saison 2.5 de The Mandalorian. Moi qui n’est pas apprécié sa première saison et qui n’a donc pas souhaité s’infliger le calvaire de la seconde, me retrouver à supporter son arc narratif alors que je tentais de l’éviter s’est apparenté à commander un mauvais tacos sans l’ingrédient auquel vous êtes allergique et se retrouver surpris par sa présence un peu plus tard. Une mauvaise passe donc, au sein d’un moment déjà peu agréable (faut varier les déplaisirs me direz-vous).

“I almost bought you a cookie. That would have made you happy.”

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Je terminerais cette critique de la même manière que les épisodes de Boba Fett et Mandalorian se terminent : sur une mauvaise note. Si sur le papier inclure les concept art dans le générique de fin ne semblait pas une mauvaise idée, cela s’avère être le coup fatal : face à ces splendides tableaux, la série nous envoie un dernier doigt d’honneur en déclarant “regardez comme l’épisode que vous venez de voir aurait pu être, ça aurait été la classe hein ?”
Comme une certaine constance dans le foutage de gueule intergalactique.