La plus grande qualité de cette variation dans l'univers de K Dick (il ne faut pas penser en terme d'adaptation, jamais) c'est de consituer en son sein sa propre alternative. C'est là qu'on voit que Spotnitz (qui a beaucoup bossé pour X-Files) à bien intégré la substance du livre, et qu'il la restitue dans ce qu'elle à de plus important : l'opposition entre la Vérité et l'Histoire comme construction du présent. Patiemment, sur 10 épisodes impéccablements rythmés (en terme de narration, pas forcément en terme de mise en scène (et c'est dommage)), il fait émerger un monde qui n'est ni filmé, ni écrit. Un univers hors champ, formé de bouts de réalités et de cauchemars, suggéré, interrogé mais jamais dévoilé. La politique, l'histoire, la fiction et la destinée des Hommes est un magma fluctuant, jamais écrit d'avance, jamais prévisible, mais interprété et compris selon un présent et une histoire personnelle fragmentaire. En racontant on ne peut que mentir, donc la série raconte un mensonge mis en scène dans un autre mensonge : le mensonge du cinéma dans celui de l'histoire. Et de ce paradoxe nait un univers réaliste, froid, inhumain, dangereux qui pourrait bien être une réalité possible, sans que jamais elle ne soit mise en concurrence. Il n'est pas question de morale, pas question de savoir s'il aurait fallu tuer Hitler, mais de montrer que dans tous les cas il ya une bombe atomique à la clé. Et alors toute la série devient l'histoire d'un échec : au final rien n'a avancé en 10 épisodes, aucune solution n'a été trouvé. Les gens se débattent dans un brouillard permanent qui est celui des univers possibles et espérés, éclairé faiblement par la lumière des jours enfuis...