Sûrement mû par la flemme et une curiosité polie, les deux meilleurs alliés de l'algorithme de Netflix, j'ai suivi jusqu'au bout ce fameux Pavillon des hommes. Je commencerai par la forme qui ici a beaucoup conditionné la réception du fond. Le premier épisode à une durée 5 fois supérieur aux autres épisodes et est assez déconnecté du reste de la saison car il se déroule 80 ans plus tard. Il pose justement de nombreuses questions de contexte dont la majorité ne trouveront réponse qu’à l'ultime épisode, me laissant dubitative et sceptique sur l'ensemble de la série. De plus cet écart de longueur se double par des problèmes de rythme ; ce dernier est parfois très lent et parfois très expéditif à l'aide de l'usage excessif d'une voix off pour traiter un contexte qui aurait pu s'avérer plus intéressant que ce qui se passe dans le pavillon en lui-même. Enfin, j’ai personnellement trouvé que l'animation n'est pas toujours au top. Certains mouvements de caméra sont assez inutiles et gratuits et la finition de l'animation laisse parfois à désirer, avec des hommes en arrière-plan qui ressemblent plus à des poupées plastiques avec peu de détails.
Tous ces éléments influent sur la compréhension et l'appréciation de l'histoire. Alors que le Japon sort de l'ère Sengoku et le souvenir des guerres incessantes, sa stabilité est menacée par la variole du Tengu qui décime la population masculine. L'écart démographique pose à la fois des problèmes sur la réalisation des travaux manuels, le maintien démographique, la succession, la répartition des rôles et la puissance armée. Pour garantir une lignée stable au shogunat, un harem masculin est constitué, où les hommes oisifs sont enfermés et prompts aux intrigues de palais. Le premier épisode se déroule lors de l'intronisation de la nouvelle Shogun et suit le destin d'un jeune homme qui rêvait du pavillon pour sa vie censé idyllique. Le reste des épisodes revient plutôt sur l'origine de la maladie et la mise en place du pavillon, ainsi que les évolutions et l'inversion des rôles lors de la première épidémie.
Le Pavillon des hommes cherche ainsi à inverser les rôles mais prend un petit peu ce qu'il veut et ne va pas au bout de son propos. Il esquisse des propositions sociales et politiques pour mieux les éviter et rester dans l'espace divertissant et vain du pavillon. Pour autant, il déploie par instant de belles scènes sur une certaine solitude et cherche à interroger la notion de destin et de devoir. Mais au global la série s'avère surtout frustrante.