Le Serment (ou The Promise en version originale) est un peu comme si tu avais pris un cours d’histoire géopolitique particulièrement tendu, ajouté une touche de drame familial, et assaisonné le tout avec une bonne dose de questions morales. Le résultat ? Une mini-série ambitieuse qui t’embarque à la fois dans les complexités du conflit israélo-palestinien et dans les questionnements personnels d’une jeune femme à la recherche de la vérité. C’est intense, c’est poignant, mais parfois un peu trop chargé pour son propre bien.
L’histoire se déroule sur deux époques distinctes. D’un côté, tu as Erin Matthews (Claire Foy), une jeune Britannique en 2005, qui découvre le journal intime de son grand-père Len (Christian Cooke), un soldat anglais ayant servi en Palestine dans les années 1940, juste après la Seconde Guerre mondiale. Curieuse et pleine de bonnes intentions (comme tous les héros de drame historique), elle se lance dans une quête pour découvrir ce qui est arrivé à son grand-père et pour comprendre son rôle dans ce chapitre sombre de l’histoire. Erin part alors en Israël avec une amie, et très vite, elle se retrouve plongée dans les tensions contemporaines, où la politique et les conflits ethniques continuent de faire rage.
D’un autre côté, tu as l’histoire de Len dans les années 1940, au moment où la Grande-Bretagne essaie de gérer la situation explosive en Palestine, entre la population juive qui lutte pour un foyer et les Palestiniens qui résistent. Len est ce genre de personnage torturé par le devoir, pris entre deux feux, et qui découvre rapidement que ce conflit est bien plus complexe qu’il ne l’avait imaginé. La série fait un bon travail pour montrer à quel point la situation était tendue à l’époque, et le spectateur ressent vraiment l’impuissance et la frustration de Len face à l’ampleur du problème.
Ce qui fonctionne bien dans Le Serment, c’est l’idée de lier ces deux périodes, passé et présent, pour montrer que les cicatrices du passé sont toujours ouvertes. La série ne se contente pas de t’expliquer l’histoire, elle te la fait vivre à travers les yeux d’Erin et de Len, te forçant à réfléchir aux parallèles entre les deux époques. C’est une démarche ambitieuse, et parfois, elle fonctionne brillamment. Tu te retrouves à te demander si on a vraiment appris des erreurs du passé ou si l’humanité est condamnée à répéter les mêmes conflits encore et encore.
Cependant, là où Le Serment trébuche un peu, c’est dans son rythme et sa lourdeur. La série veut tellement bien faire, veut tellement couvrir tous les aspects du conflit, qu’elle finit parfois par en faire trop. Les moments d’émotion sont puissants, mais ils sont parfois noyés sous des couches d’explications historiques et de débats politiques qui peuvent te laisser la tête un peu lourde. C’est un peu comme si tu étais invité à une discussion sur l’histoire, mais que l’on ne te donnait jamais la chance de vraiment respirer avant de passer au point suivant. Le spectateur a parfois besoin d’un peu plus de légèreté pour digérer tout ce qui est présenté.
Erin, jouée par Claire Foy (avant qu’elle ne devienne The Queen dans The Crown), est un personnage auquel on s’attache, mais qui peut aussi agacer. Son côté naïf, presque obstiné, la pousse à se lancer dans des situations où tu te dis : "Mais pourquoi fait-elle ça ?". Son arc narratif est intéressant, surtout dans la manière dont elle passe de simple observatrice à quelqu’un de profondément impliqué dans ce qu’elle découvre. Mais à certains moments, ses choix semblent un peu forcés, comme si la série voulait absolument qu’elle devienne une sorte de porte-parole moral, là où parfois, la neutralité aurait été plus crédible.
Les parties historiques avec Len, en revanche, sont probablement les plus fascinantes. Christian Cooke incarne un soldat qui, tout comme Erin des décennies plus tard, se retrouve piégé dans un conflit qui le dépasse. Les scènes se déroulant dans les années 40 apportent un éclairage intéressant sur la manière dont les tensions entre Juifs et Palestiniens se sont intensifiées, et le spectateur se retrouve tout aussi perdu que Len face à l’absurdité de la violence et des enjeux politiques. C’est ici que Le Serment brille le plus, en montrant à quel point les décisions prises dans le passé ont des répercussions directes sur le présent.
Visuellement, Le Serment est bien réalisé. Les paysages du Moyen-Orient, qu’ils soient modernes ou historiques, sont magnifiquement capturés, et on ressent vraiment le contraste entre la beauté de ces lieux et la dureté des conflits qui s’y déroulent. La série sait créer des moments de tension, surtout lorsqu’Erin se retrouve dans des situations dangereuses, que ce soit à travers les ruelles de Jérusalem ou dans des camps de réfugiés.
En résumé, Le Serment est une série ambitieuse qui essaie de jongler entre l’histoire et le drame personnel, avec des résultats mitigés. Si tu t’intéresses au conflit israélo-palestinien ou à l’histoire en général, tu trouveras sans doute de quoi nourrir ta réflexion dans cette série. Mais pour ceux qui cherchent quelque chose de plus léger ou de plus centré sur les personnages, Le Serment peut parfois sembler un peu trop dense, un peu trop didactique. C’est une série qui veut bien faire, mais qui finit parfois par s’emmêler dans son propre désir de couvrir tous les aspects d’un sujet aussi complexe.