Le Serpent raconte l'histoire, fort synthétisée mais avec justesse, de l'éponyme tueur en série-escroc, Charles Sobhraj - alias Alain Gautier pour la série mais il a plus d'un pseudo dans sa besace (Alain Dubois, Alain Gauthier, Roland Liser, Jacques-Pierre Marchand ou Charles Surder...) - , et de sa compagne et complice Marie-Andrée Leclerc, alias Monique Gautier.
Au-delà de l'histoire, que d'autres senscriticien.ne.s auront sans aucun doute déjà, et parfaitement rappelée, l'écriture et la mise en scène de la série m'ont paru fort intéressantes, originales, mettant progressivement en lumière ce qu'est un pervers (dans son vrai sens) et elle nous est donnée par la bouche de la mère de Charles (épisode 6).
Il nous est montré tous ces moments de la vie, ces moments furtifs, fugaces, parfois ce dixième de seconde, mais néanmoins conscient, durant lequel une voix intérieure nous intime un "non, n'y vas pas" que malheureusement nous ne suivons pas ; tel est un des exemples de la finesse de ce que la série nous offre.
Si elle retrace l'histoire du tueur, elle montre aussi, et cela mérite d'être souligné, les complices, les victimes et l'époque dont Charles-Alain a su profiter. Car les complices et victimes sont tout aussi important.e.s que le tueur lui-même.
Rythmée et montée maille après maille, un rang en avant un rang en arrière, un point à l'endroit un point à l'envers, la série joue sur le temps, chapitre après chapitre, le mode opératoire de Charles Sobhraj et la vrille psychique de Marie-Andrée, dont la première marche aura été sa dénomination puis renomination en Monique...
Le bémol de la série, selon moi, et ça me coûte de le dire, parce que je l'aime beaucoup, c'est Jenna Coleman, simplement parce qu'il aurait mieux valu caster une véritable québécoise plutôt qu'un alibi britannique pour la série - britannique elle aussi -, car à moins d'une surdité sélective et précoce, j'ai peiné à comprendre ce qu'elle disait quand elle parlait en français. Québécois n'aurait pas été plus simple, mais plus authentique.
Quoi qu'il en soit, je vous souhaite un bon visionnage, et gardez du temps pour regarder quelque chose de drôle juste après, car Tahar Rahim est vraiment excellent, jouant sur les nuances de cette structure si difficile à interpréter qu'est la perversion, et soutenant par ce travail de maquillage qui le déshumanise à souhait, autant qu'il déshumanisa ses proies.
Bonnes séances ou à binger...