Il dit qu'il voit pas le rapport
Très réticent à regarder cette série au premier abord, car je soupçonnais que l'adaptation d'une de mes saga favorites risquait de me déplaire à plus forte raison quand on jette un œil au casting, j'ai finalement été persuadé par un proche de me lancer dans l'aventure. J'ai été fortement rebuté au départ par les choix douteux du réalisateur, mais j'ai fini par me laisse entrainer jusqu'au bout des deux saisons.
Parce qu'il convient tout de même de comparer The Legend of the Seeker avec le livre dont la série est inspirée, La Première Leçon du Sorcier. Après tout, il avait été question d'une adaptation, supervisée par Terry Goodking (l'auteur) en personne. De quoi rassurer les fans... qui se demandent ce qu'ils seraient advenus de l'univers sans son concours, au vu des résultats. Le problème est à deux niveaux, d'une part le choix (douteux ?) du format série, qui est bourré de contraintes, car répondant aux exigences des chaînes de télévision, lesquelles imposent un format précis et minuté. Tous les épisodes d'une série doivent avoir une intrigue propre (exit donc les épisodes de transition censés amener l'action) et être d'une durée très précise, pour s'intégrer dans la grille précise des programmes. Cela oblige d'une part à accélérer le cours des évènements pour conclure (de façon parfois honteuse !) avant la fin des 45 minutes, ou encore de ralentir l'action (au sens littéral, souvent dans ce cas) pour allonger l'épisode.
Le second problème tient en deux mots : Sam Raimi. Ce qu'il a fait de plus « remarquable » étant Xena la guerrière et Spiderman, toute personne était en droit de s'inquiéter lorsqu'il a été nommé réalisateur/producteur de Legend of the Seeker, moi le premier.
Le choix des acteurs est à mon sens assez évocateur : même si certains s'en sortent plutôt bien, comme Craig Parker (Darken Rahl) ou Bruce Spence (Zedd) les protagonistes principaux pèchent autant par leur jeu d'acteur parfois affligeant que par leur peu de ressemblance avec les personnages qu'ils incarnent. Je veux bien qu'ils ne soient pas exactement pareils, mais des lentilles de couleur au moins pour faire concorder les iris auraient été un gage de bonne volonté. Là, rien. Richard qui est censé avoir une forte carrure est joué par un gringalet. Affligeant.
Passé ce choix très contestable des acteurs, on est en droit de comparer l'histoire de la série avec celle du livre. Ou tout du moins, on est en droit d'ESSAYER de comparer. Notre ami Sam a pris tant de libertés pour l'adaptation qu'au final la seule chose de comparable sont les noms des lieux et des personnages. Même les concepts tels que les ordres (Mord-Sith, Inquistrices, Sorciers...) sont modifiés à souhait pour des raisons pas toujours claires. Quant à la ligne directrice de l'histoire, elle n'est comparable que si réduite au strict minimum : le gentil doit tuer le méchant. Pour tout le reste de la série, le réalisateur a pris des idées de tous les livres de la saga (pas seulement du premier volume) pour en faire des épisodes, allant même jusqu'à innover (et ça, on ne peut pas lui reprocher, mais j'y reviendrais).
Si l'on fait abstraction de cette piètre dose de concordance avec l'œuvre originale (pour ma part il m'a fallu six ou sept épisodes avant d'être lassé de noter les différences) il convient tout de même de juger la série pour ce qu'elle est, et non pour ce qu'elle prétend être.
J'approfondirais donc ce que j'ai précédemment développé au sujet du format série. Concrètement, cela se traduit ici par des épisodes souvent très similaires sur le fond, sans véritables conséquences pour la suite, et structurés de façon semblable. Il est ainsi très aisé de deviner à l'avance la fin de l'épisode, car la majorité des protagonistes secondaires apparaissent dans un épisode sans jamais réapparaître. Beaucoup d'histoires débutent sur une rencontre improbable au beau milieu de la forêt (50% de la série se passe en forêt) où un personnage demande de l'aide au héros (plus rarement, les héros vont décider de sauver des gens... le résultat est le même) qui va toujours accepter, même si c'est un piège évident. Il est à noter que TOUS, je dis bien TOUS les épisodes comportent au moins un combat impliquant les héros, histoire de combler un peu les lacunes, de relancer le rythme et l'audimat (le décolleté de Kahlan ne cesse de croître au fil des épisodes).
C'est aussi l'occasion d'allonger l'action, en particulier en rajoutant une pléthore de ralentis (j'ai failli pleurer en voyant une esquive de flèche digne de Keanu Reeves dans Matrix) qui ne servent souvent à rien. Il est à noter que ces combats sont sans gravité, car les héros s'en sortent toujours indemnes et que l'ennemi réapparait à chaque épisode. Le héros peut même se prendre un carreau d'arbalète en pleine épaule, continuer de se battre et ne panser sa plaie que des heures plus tard sans mourir exsangue. Preuve que s'il est toujours en vie, c'est parce que ses adversaires utilisent des armes en plastique.
Ah, et puis à la fin de l'épisode, tout rentre dans l'ordre, on est contents et on continue la route. Presque aussi simple qu'un épisode de Pokemon, en fait.
Alors, pourquoi cette note ? Parce qu'au final, la série se laisse quand même regarder. Le rythme est présent, certains personnages sont presque attachants, et tout n'est pas à jeter. Même s'il y a mon sens de gros défauts au niveau de l'adaptation, certaines libertés prises par monsieur Raimi sont en définitive bienvenues. Car il parvient à faire une histoire différente de l'originale sans que cela ne soit bancal ou trop incohérent. C'est particulièrement flagrant dans la deuxième saison, car l'histoire n'a plus aucun rapport avec l'originale (là où la première saison gardait quelques repères malgré tout) mais demeure intéressante. Quelques bonnes idées (entre autres l'usage des prophéties) améliorent la qualité de la série, même si d'autres (l'apparition systématique dans chaque épisode de Darken Rahl qui est pourtant bien mort) ont parfois tendance à la ridiculiser.
Dans l'ensemble, je déconseillerais cette série à ceux qui espèrent une bonne/fidèle adaptation des livres, et à ceux qui pensent trouver une bonne série à regarder seul. Si j'ai un conseil, si vous tenez à la voir, regardez-la à plusieurs, comme un nanar, ça passe beaucoup mieux.