Fan depuis l'enfance des histoires de Robert L. Stine en bouquin puis en série, des Contes de la Crypte, la série animée comme live action, et généralement enthousiaste envers tout ce qui est vaguement horrifique, épouvantable ou touche à Halloween quelque soit le médium, je suis sûrement malgré mes 30 piges une cible facile pour Creeped Out. Série anthologique horrifique donc, Creeped Out a tout du successeur de Goosebumps auquel je vais avoir du mal à ne pas le comparer...à un détail près; il lui manque la désuétude de son modèle des années 90.
On regarde ce genre de série pour éveiller l'amateur d'horreur en soit lorsque l'on est jeune (le public visé est clairement adolescent) ou pour les prémisses rigolos et l'aspect un peu cheap mais charmant quand on est adulte. Et les idées sont sympathiques, touchant parfois plus à des sujets propres au surréalisme philosophique d'une Twilight Zone, ou à une SF d'anticipation d'un Black Mirror, qu'aux frissons de feu de camp de Goosebumps. Un téléphone portable à l'OS envahissante, du voyage dans le temps, de la marionette manipulatrice, le tout avec des protagonistes très jeunes qui affrontent aussi le monde des adultes; les douze épisodes sont assez variés en terme d'intentions pour qu'on ait envie de naviguer dans la saison complète, d'autant plus quand beaucoup d'épisodes n'hésitent pas à se conclure avec autre chose qu'une happy ending.
Après, forcément, on se heurte au budget, aux ambitions et à l'exécution. Si le tout fait moins cheap qu'un Goosebumps qu'on sentait souvent hyper étriqué par le budget et l'époque de production, il reste un côté pauvre à la réalisation manquant souvent d'invention, préférant de l'exposition bête et méchante et oubliant parfois l'ingéniosité visuelle qui va faire vivre les prémisses.
Le jeu d'acteur est aussi...discutable par moment. Mais je pense que cela est plus à mettre sur le compte du matériau de base. En 20 minutes, on sent que les réalisateurs sont à l'étroit et doivent couper court pour aller au but. C'est pourquoi les antagonistes et personnages secondaires sont souvent définis à la truelle avec une méchanceté crasse ou un sympathie débordante à coller des claques, se traduisant à l'écran par des répliques délivrées étrangement (parfois ajoutant étonnamment un je-ne-sais-quoi appréciable à l'épisode). Bref, ça manque de subtilité.
Et puis donc, on est à la fin des années 2010 et ça manque clairement d'effets spéciaux en mousse, de chemises grunge trop grandes, de Ryan Gosling qui ne sait pas descendre un escalier normalement et de couleur flashy aux motifs 90's. Ça se prend parfois un tout petit peu trop au sérieux finalement, avec cette mascotte au masque inquiétant et ces couleurs très froides sur le plan artistique.
Ça reste un divertissement super sympa pour les enfants/adolescents, et surtout un nouvel élément d'introduction à l'épouvante et à l'horreur.