L'arbre qui était creux

TL;DR : jolie forme vide de fond.

Vous savez, moi, il ne faut pas grand chose pour m'attirer. Un peu de boules de feu qui jaillissent des mains d'un barbu, quelques animaux avec plus de pattes ou d'écailles que d'ordinaire, et ça y est, il faut que j'y jette un oeil. Si c'est votre cas, alors vous ne résisterez pas à la tentation malgré ces avertissements. Sinon, ce n'est clairement pas la série que vous devriez commencer ce soir.

Soyons honnête, publier une critique sans avoir vu la fin de la première saison d'une série, c'est vilain. Mais si j'écris, c'est peut-être aussi parce que j'attends que l'on m'explique pourquoi, par quels pactes démoniaques, cette série recueille une si bonne note (au dessus de 7.3 quand j'ai commencé) ?

Visuels

Commençons par enrober de miel les couteaux que je ne tarderai pas à planter dans le cœur de ces premiers épisodes.
Les effets spéciaux et les décors sont jolis, du moins vis-à-vis de ce qui est comparable : Rappelons que l'on est sur une série de MTV, pas chez Peter Jackson. Cela dit, il faudrait dire aux américains que les forêts se constituent rarement d'un sol complétement propre avec des arbres régulièrement espacés dans un léger brouillard éclairé par un spot bleu.

Les Chroniques de Shannara présentent la particularité de se dérouler, visiblement, après la civilisation telle qu'on la connait aujourd'hui, aussi aperçoit-on ça et là de vieille infrastructures humaines enfouies sous des couches de mousses. On ne va pas poser la question de la plausibilité à ce stade de l'histoire, de toute façon la fonction de ces infrastructures se limite au pot de chambre décoratif.

Le jeu des acteurs

Non.

Ne cherchez pas : les dialogues ne rattrapent rien, sauf si vous jouez au jeu qui consiste à deviner les clichés qui sortiront, tôt ou tard, de la bouche d'un de ces acteurs peu marqués de personnalité. C'est là toute l’ambiguïté de la série : les acteurs, la vingtaine, semblent équipés de cerveaux de pré-ado, alors même que la série aborde la mort, le viol et l'esclavage.

Il faut dire aussi qu'exhiber un maquillage parfait alors qu'on est censé voyager dans la forêt, les marais et la boue pendant des jours n'aide pas à donner de la crédibilité aux scènes.

Scénario et cohérence

Une unique impression qui résonne : l'intégralité, jusqu'à la dernière piécette, tout le budget de cette série est passé dans les visuels. Non je n'ai pas lu les livres, et puis de toute façon, quiconque a lu Eragon et vu son adaptation sait que la corrélation peut parfois frôler les 0.

Tout se déroule comme si les scénaristes tiraient laconiquement les cartes éternelles de l'histoire fantastique de l’Élu (enfin, des élus), de la prophétie, du méchant qui revient mais pas trop vite, de l'apprenti qui n'a pas le temps d'apprendre toutes les bases, mais qui sera sauvé par une réaction émotionnelle qui déclenchera le sort dont on avait besoin. Ohlala, on a encore eu de la chance.

Quant à la cohérence, elle s'étiole dès le premier épisode. Il semble toujours primordial lorsque l'on construit un monde plein de magie, d'en ériger également les règles afin que l'on puisse y croire. Mais dès le début, notre ami le druide qui passe la moitié de ses répliques à rappeler combien "magic always comes with a price" (voilà qui est original, je ne vois vraiment pas comment cette réplique pourrait se retrouver dans une autre série), bute les deux gardes avec un sort pour nous montrer qu'il en a dans son caleçon et que c'est lui le BG des magiciens.

Musique et générique

Quand même, on ne peut pas leur retirer ça : le générique de la série est plutôt réussi. De même, bien que l'on ne puisse pas ne pas soupçonner l'influence de Twillight sur ce point, l'introduction de musiques modernes, loin des violons qui rythment habituellement le genre, donne une certaine originalité à la série.

Conclusion

Jusqu'à preuve du contraire, je ne vois dans les Chroniques de Shannara qu'un terrible gâchi de ce qui aurait pu être une série pas désagréable à suivre. Difficile de cerner quel public vise MTV avec cette nouveauté, les dialogues et le scénario sonnant comme une insulte à l'intelligence de toute personne de plus de 12 ans. Cela dit, j'ai peut-être raté quelque chose. Mais je ne peux m'empêcher de m'interroger : qui des CdS ou de la nouvelle série de Sify The Magicians va prendre le dessus ?