Au royaume des cons, les cons sont rois.

Bon, on va évacuer tout de suite les questions de goût. Je n'ai aucun problème avec l'absurde, autant dans la forme que dans le fond. J'apprécie l'onirisme de Quentin Dupieux, j'aime l'imagerie de Wes Anderson, j'adore l'écriture d'Edgar Wright, et je me bidonne volontiers devant les Monty Python.

Autant dire que j'étais plutôt hypé par le projet, et que les images de la bande-annonce m'avaient sacrément fait envie. J'ai lu les bouquins il y a bien longtemps et je n'en garde aucune admiration particulière, pareil pour le film, mais j'attendais la série de pied ferme.

Et oh, mon dieu, quel souffroir ça a été.
Pourtant, le premier épisode m'avait pas mal mis en confiance. C'était pas exceptionnel, l'imagerie oscillait entre le sympathique et le bancal, mais l'approche de l'univers avait quelque chose de séduisant. Puis la suite m'a vite fait déchanter.

Pourquoi ? Tout simplement, parce que TOUS LES PERSONNAGES SANS EXCEPTION AUCUNE SONT CONS COMME DES MANCHES.

Avec à leur tête le pantin Poe, véritable hérisseur de poils en série, qui me faisait frôler la tachycardie à chaque apparition dès le deuxième épisode. C'est pas possible d'écrire un personnage aussi con et de trouver que c'est une bonne idée. Il est énervant mais au possible, chaque fois qu'il parle t'as juste envie de le voir crever pour que les orphelins aient un autre conseiller, il n'a aucune logique, aucune once d'intelligence, aucun soupçon d'esprit, rien, nada, schnaps. Je suis désolé, mais cette espèce de ficelle grosse comme un tronc pour créer un pseudo décalage absurde est à vomir. Ça n'a rien de drôle de voir ce pignouf incapable de démasquer le Comte Olaf alors qu'il est juste sous son pif au bout de cinq épisodes, je suis désolé mais non, même le plus connards des connards écouterait les gosses quand ils l'ouvrent pour dire que c'est Olaf déguisé après qu'il ait tenté de les kidnapper une bonne cinquantaine de fois et que tout le monde soit au courant.

Poe lui il s'en balek le mec, jsuis un adulte j'ai pas à écouter les enfants, ololol vous avez une imagination débordante dites donc, à quand bien même je sais qu'Olaf a utilisé des stratagèmes totalement perché pour vous atteindre, je pense que vous mythonnez les kids. Putain, mais qu'est-ce que c'est horriblement frustrant.

Après, bon, je pardonne le Comte, parce que ça me dérange pas qu'un méchant aussi caricatural soit un peu débile. Si Poe avait été un minimum doué d'intelligence, y aurait eu matière à meilleure écriture, un petit jeu du chat et de la souris bien plus fin que celui qu'on nous a servi.

Parce que ouais, le fait d'avoir doté tous les persos de QI négatifs plombe fortement l'écriture. La juge, le professeur Montgomery, l'autre connasse horripilante de Josephine qui est un putain de cas d'école sur comment rendre des personnages monstrueusement énervants, les blaireaux en charge de la scierie, les agents secrets de mes genoux, et même les orphelins. Y a aucune exception, tout le monde est abruti.

Tu vas pas me dire que Montgomery croyait réellement qu'Olaf était un membre de la société d'herpétologie pendant leur confrontation sur le parking là ? Ou alors c'était un stratagème, mais explique moi l'intérêt de tenter de feinter un ennemi pareil si c'est pour aller se pieuter tranquillement chez-soi par la suite. Et tu vas pas me dire que les gosses auraient pu se démerder pour tenter d'atteindre des autorités compétentes ? Ils avaient des milliards d’opportunités pour se barrer loin de tout ce bordel, mais non, se faire séquestrer c'est vachement plus fun.

Du coup le scénario est chiant comme la pluie. Les orphelins vont quelque part, soit c'est un endroit à peu près bien mais le Comte les retrouve et essaye de les récupérer, soit c'est un endroit de merde mais le Comte les retrouve et essaye de les récupérer. Tu sais d'avance comment tout va se dérouler, les situations avec Olaf déguisé qui sont toujours les mêmes, le fait que personne n'écoute les orphelins, l'autre connard de Poe qui ramène sa fraise. J'ai bien cru qu'ils allaient tenter un truc avec la société secrète là, j'étais même presque convaincu qu'à un moment ça allait devenir intéressant et que le schéma emmerdant et répétitif allait disparaître, mais non, tu l'as dans le cul mon gars faut attendre la saison 2.

Non mais c'est bien foutu, moi c'était la seule chose qui piquait légèrement ma curiosité et pour laquelle je me forçais à voir cette purge, du coup je me suis enfilé toute la saison, et je me suis bien fait enfiler au vu de l'absence de réponses données lors du finale un peu pathétique.

Après, j'avoue, parfois y a quelques bonnes scènes. Le narrateur qui vient squatter le récit, c'est une fausse bonne-idée assez parasitaire, mais certaines de ses interruptions sont assez drôles, notamment quand il glisse sa pointe d'humour pince sans rire. Et autant j'ai trouvé le Comte Olaf assez insipide, il avait ses quelques bonnes répliques mais la plupart du temps c'était pas gégé, autant j'ai bien aimé la troupe de bras cassés qu'il se trimbalait. Ces débiles ont des bonnes poires et leur connerie est, contrairement aux autres persos, assez naturelle et justifiée, ce qui fait fonctionner l'humour potache.

Parce que l'absurde, ce n'est pas juste rendre tout le monde débile et jouer de ce décalage avec les orphelins, qui sont tout aussi stupides mais que l'on nous présente intelligent parce qu'ils arrivent à reconnaître un déguisement. Non, là, il faut justement des personnages logiques et ayant un minimum de présence d'esprit confronté à des situations décalées, des quiproquos bien foutus, histoire de les rendre plus vivants, crédibles, que l'on puisse se projeter à leur place et perdre nos repères en même temps qu'eux, ou a contrario, accepter les règles de l'univers étrange dans lequel ils évoluent. Avoir un ou deux glandus dans le tas peut faire un bon ressort comique, mais faut pas débiliser l'entièreté du cast non plus, c'est totalement con.

Choisir le registre permettant de détourner et retourner ce que l'on considère comme normal demande un effort d'écriture monstrueux pour ne pas devenir frustrant , et c'est une chose qui, assez ironiquement, n'a pas été effectué pour Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire.