N'écoutez pas le générique qui vous dit de "look away", car Netflix nous ravit avec cette admirable adaptation de l'Oeuvre de Lemony Snicket.


Grand fan des livres lors de mon adolescence, je suis le premier surpris de cette adaptation: ils ont tout compris. La série respecte subtilement l'Oeuvre de Lemony Snicket tout en s'autorisant des libertés cohérentes avec l'esprit originel des livres, libertés qui enrichissent le mystère. De plus, l'objectif de Snicket de frustrer le lecteur - ici le spectateur - est malicieusement réussi que l'on ait été lecteur ou non des ouvrages.


Assurément influencée par les films de Wes Anderson, probablement par ceux de Tim Burton et John Waters, la réalisation nous transporte dans un univers kitsch assumé et lugubre où l'absurde règne en maître, au plus grand (dé)plaisir du spectateur. L'on est pris d'un dégoût plaisant devant la masure glauque du Comte Olaf, l'on s'émerveille dans le fantasmagorique laboratoire aux serpents, etc. .


L'humour caustique, cynique, métadramatique plaira à ceux qui sauront apprécier cet univers décallé et riche en subtilités littéraires, probablement peu compréhensibles pour certains. Par exemple, j'étais aux anges quand Olaf fait référence dans l'épisode 2 à un objet resté en travers de la gorge de nombreux lecteurs.
La série joue avec nos nerfs, maniant à la perfection les "promenades inférentielles" d'Umberto Eco (cf. Lector In Fabula), par exemple en dévoilant via le narrateur la mort d'un personnage, ou repoussant continuellement les réponses des questions que l'on se pose.


La réussite est en partie dû à un casting irréprochable. La froideur et la mélancolie de Patrick Warburton sied à la perfection au narrateur désespérant et désespéré qu'est Lemony Snicket. Alfre Woodard réinvente la Tante Joséphine/Agrippine, après une interprétation merveilleuse de Meryl Streep du film de 2004, ajoutant une pointe d'hystérie à ce personnage à la paranoïa légendaire. K. Todd Freeman nous livre un banquier Poe paradoxalement insupportable et attachant.
Enfin, Neil Patrick Harris incarne avec brio le protéïforme Comte Olaf, surpassant Jim Carey qui était trop "clownesque" dans son interprétation: N.P. Harris nous livre ici un Comte Olaf excécrable, terrifiant et hilarant à la fois. Il surjoue de manière volontaire comme Olaf le ferait, ce mauvais acteur notoire.


In fine, la série a trouvé un style parfait pour adapter l'un des plus populaires anti-conte de fées: un monde peuplé d'adultes volontairement caricaturaux, vils, stupides, naïfs, tout le contraire des enfants qui semblent sans-failles.
L'on est loin de la catastrophe annoncée par certains, la richesse de l'univers ne semble pas être comprise de tous: les adultes bloqués dans leur shémas préconçus ne peuvent comprendre le désastreux génie de cette série. That's not how the story goes !

MysteriousCowboy
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le 16 janv. 2017

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