Microcosmos
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Dans la série des machins parfaitement inclassables (ce qui avait parfaitement réussi à Poupoupidou, soit dit en passant), voici donc trois épisodes plus ou moins policiers, en même temps que psychologiques et sociétaux, situés dans une France rurale qui ressemble à la mienne, où se croisent des profils très différents comme on en rencontre précisément dans ces endroits un peu abandonnés d'habitude par les scénaristes : une traductrice (tiens tiens!), un ancien gendarme, une garde-champêtre, un dessinateur de BD parisien, des paysans dans leurs fermes, une nana posée là on se demande comment, et un petit garçon qu'elle prend sous son aile le temps que sa maman comateuse se retape, éventuellement. Au milieu d'eux tous, un journalier d'origine algérienne, l'émigré, dont personne ou presque ne se soucie quand il disparaît d'un coup. Sauf la traductrice. En trois épisodes, comme l'enfant qui débarque dans ce petit village apparemment sans histoires, on découvre progressivement les liens entre tous ces personnages qu'on pensait réunis là par le hasard. Chacun se débat avec ses problèmes, spécifiques à sa catégorie (la femme en mal d'enfant, le flic soulé par la violence, l'auteur dépressif, et j'en passe), et seules celles que la curiosité et l'esprit d'aventure meuvent encore sont capables de dépasser leurs assignations sociales pour se préoccuper des autres. Ici, de l'autre, cet étranger au village, de passage, dont tout le reste de la population semble si bien pouvoir se passer. Allusion au vote extrême de la France rurale ? Une pierre dans son jardin, en tout cas. Je vais récupérer ma grille d'analyse favorite, celles des relations entre les sexes, pour faire avancer un peu mon affaire : ici, les hommes semblent complètement plombés par les schémas qu'on leur assigne dès l'enfance. Ils s'accrochent aux femmes comme à des bouées de sauvetage même quand ils sont incapables de les aimer correctement. S'il le faut, ils les insultent ou rêvent de les frapper, mais ils leur tournent autour pour s'attacher à elles parce qu'ils se sentent en plein naufrage quand ils sont seuls et ne peuvent absolument pas compter sur le soutien de leurs semblables, tous complètement barrés. Ca s'applique à quasiment tous les personnages masculins de cette histoire, ça doit être fait exprès. Parmi eux, les femmes semblent soumises à des pulsions plus variées, mais, globalement, elles sont beaucoup amenées à simplement réagir aux hommes qui les entourent. Que ce soit en les acceptant dans leur giron ou en s'en tenant sagement à distance, comme le beau personnage d'Emmanuelle Devos. Parfois, les deux à la fois, comme celui d'India Hair, décidément atypique et bien fendante, qui s'en sert gentiment avant de les renvoyer à leurs marottes. Bref, après ça, l'intrigue policière suit mollement son cours, à travers le regard particulièrement candide de l'enfant, catalyseur involontaire des réactions extrêmes des adultes. Tous semblent oublier sa présence en raison de son mutisme et projettent par moments sur lui leurs obsessions personnelles. On ne peut pas dire qu'il y ait là une mine inépuisable d'optimisme, mais le scénario compatit malgré tout à la souffrance de tous et nous amène à condamner le moins possible, ce qui, par les temps qui courent, ne peut pas être nocif. Bref, une petite série bien bizarre, un peu attachante un peu étonnante, dont je peine à trouver vraiment les points forts.
Créée
le 6 sept. 2024
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