Comme quoi les japonais sont balaises
Bon, autant le dire tout de suite c'est pas terrible.
Il y a plein de bonnes intentions, notamment le fait que derrière cette suite il y a l'équipe originale. Ils ont pas été chiche niveau budget, les animations sont fluides, les décors travaillés, il y a de nombreux thèmes musicaux, même si les acteurs vocaux sont différents, les voix sont les mêmes, et il y a même le petit documentaire de fin d'épisode.
Par ailleurs, la série s'inscrit dans le projet existant "depuis toujours" dans la tête des créateurs initiaux Chalopin et Deyries. Il y a 20 ans, ils parlaient de la Chine et du Japon, ben voilà on y est.
Mais l'ensemble est vraiment bof, rapport à une mise en scène vraiment amateur, et une non maîtrise du rythme. Dans le dernier épisode de la saison, qui est censé être clef, avec une montée en puissance des enjeux, il y a une fête, et j'ai compté, Zia est invitée trois fois à danser et trois fois elle accepte. A la fin du quatrième épisode, Esteban encaisse une révélation choc, puis il y a un discours de résolution et enfin une petite vanne pour que tout aille mieux. En 10 secondes. Je suis pas un retraité mais ces changements de ton soudain frisent la schizophrénie.
La série originale était à 51% japonaise. Là c'est 100% français. Chaque moment d'émotion (le final par exemple) est soigneusement déconstruit dans un humour un peu gaulois, comme si on avait peur de faire pleurer l'audience. On peut se moquer des plans fixes et des voix intérieures à la japonaise de la bonne époque d'Olive et Tom, mais avec des plans fixes, ils savaient susciter une émotion, et c'est pas par nostalgie que je parle : ici, tout bouge, très vite, et on a pas le temps de se fixer dans le décor et l'histoire. Dans l'épisode des amazones 2ème partie de la saison 1, à un moment le groupe rencontre le fleuve amazone. Plan fixe de 10 secondes sur une putain de rivère, musique à fond, exclamations de joie, wow, c'est juste un fleuve mais quelle émotion ! Là, Esteban et ses amis volent de merveilles en mécha et tout est normal.
La musique est un exercice de style voulant faire comme le 1, ca y est presque mais comment savoir vraiment, elle est hyper bas !
Un dernier point sur le scénario. Il est cohérent et raccord avec la saison 1, il n'a pas trop de clichés et arrive même à conserver une surprise sur plusieurs personnages. Cependant, il manque d'une montée en puissance : dans la saison 1, Esteban passe d'orphelin et de passager clandestin à sauveur de la planète dans des méchas d'une antique civilisation. Dans la saison 2, il commence cash avec un grand condor en or qui vole partout, et ne rencontrera rien de plus grand. Les enjeux ne sont pas clairs. Il n'y a pas par ailleurs de lecture adulte même basique du sujet (le 1 condamnait la cupidité des espagnols au mépris de la culture inca, la question de l'énergie aux dépends de l'écologie...). Esteban, fils du soleil, sera appelé ainsi quelques fois dans la saison 2, mais son pouvoir occulté.
J'ai longtemps été bienveillant vis à vis de cette série car j'ai pensé qu'elle s'adressait aux jeunes d'aujourd'hui et que j'avais un décalage culturel important. Cependant maintenant qu'elle est terminée, son manque de fond et de maîtrise est objectivement évident.