Je considère Xilam comme l'un des derniers grands studios français d'animation jeunesse. Au top courant 2000, il s'est habilement inspiré de ce qui se faisait de mieux en matière de dessins animés tout en trouvant son propre style. Le résultat, ce fut des séries reconnues dans le monde entier comme Oggy et les cafards ou encore Les Zinzins de l'espace, quelques beaux moments de poésie passés inaperçus (Flapacha, où es-tu ?) et un joli hommage à l'homme qui tire plus vite que son ombre.
Le générique très rock’n’roll aux paroles en franglais complètement whatthefuckesques donne le ton : ce petit coup de brosse donné au célèbre cow-boy réussit non seulement son pari de moderniser les adaptations animées de Lucky Luke, mais de le faire avec une sacrée dose de talent. Les épisodes (d’une vingtaine de minutes) sont à la fois simples et bien ficelés, à partir de scénarii inspirés des B.D. mais totalement originaux. L’animation est fluide, les scènes s’enchaînent sans temps mort et l’humour est bien dosé, ni trop niais ni trop vulgaire. Il combine comique de situation et jeux de mots très typiques de la B.D franco-belge dans un style qui peut plaire de 7 à 77 ans, et Dieu sait que rassembler les générations est la marque des dessins animés de qualité.
C’est surtout au niveau du dessin que ces nouvelles aventures sont les plus remarquables. L’univers de Morris est parfaitement respecté, avec ces couleurs vives allant du vert cadavre au rouge soleil couchant. Vivants et expressifs, les personnages valent à eux seuls le visionnage. On y retrouve un Lucky Luke phlegmatique (doublé par Antoine de Caunes, s’il vous plaît) égal à lui-même, un Joe Dalton jouissif de dinguerie, un Averell et un Rantanplan au sommet de leur art, au point qu’ils donneront tous les deux des spin-offs de la série. Les thèmes musicaux, très western, ponctuent parfaitement l’action.
Dynamique, hystéro-dingo mais juste ce qu'il faut, gags efficaces et total respect de l'oeuvre originale : Les nouvelles aventures de Lucky Luke pourrait presque servir d’exemple canonique de ce qu’il faut faire en matière d'adaptation, et même d'animation humour tout court. Je m’en suis récemment regardé quelques épisodes, et j'y ai pris le même plaisir que quand j'étais petiot. Moment nostalgie... Lucky Luke, c’était la meilleure façon de finir le weekend, comme un succulent dessert après un bon repas.
La preuve qu'on peut faire autre chose pour les gosses que de leur refiler des séries mielleuses et lénifiantes en 3D moche et mal animée. et également que le monde francophone, fidèle à sa tradition d'excellence en bande dessinée, a encore de bien belles cartes à abattre en matière d'animation, dans un secteur pourtant très concurrentiel.