The Mody Blues
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On a l’habitude d’accorder peu de crédit aux séries télévisées françaises, ou en tout cas à celles qui s’essaient au genre policier, et il est donc très réconfortant de pouvoir chanter aujourd’hui les louanges d’une œuvre comme les Papillons Noirs, qui conjugue de manière inédite efficacité du thriller et ambitions quasi auteuristes… soit une équation difficile, déjà réussie cette année au cinéma par des films comme La Nuit du 12, par exemple.
Le scénario des Papillons Noirs est une véritable réussite, que l’on doit à Olivier Abbou et Bruno Merle, alors qu’il va titiller tout un tas de thèmes qui sont plutôt le pré carré des Anglo-saxons : les serial killers – très à la mode aujourd’hui -, la violence contre les femmes, les manipulations cérébrales, l’hérédité… quatre sujets qui se combinent parfaitement dans une histoire qui réussit pourtant à rester réaliste, et ne cherche ni le sensationnalisme, ni le twist à tout prix (même si l’avant-dernier épisode ménage une surprise aux téléspectateurs encore novices en termes de récits manipulateurs !).
L’histoire est finalement simple, ce qui d’ailleurs la rend particulièrement prenante et convaincante : un écrivain de polars ayant connu un gros succès avec son premier livre, se trouve face à un blocage créatif qui le mine et met sa vie conjugale en danger, jusqu’u jour où il est invité par un homme âgé, malade, à retranscrire en roman l’histoire de sa vie. Or il va se trouver que cette histoire est beaucoup plus terrifiante qu’il ne l’imaginait a priori, mais aussi qu’elle le touche personnellement. La qualité de l’écriture se voit d’abord dans des personnages crédibles et attachants, et ensuite dans la construction des nombreux rebondissements, qui restent toujours crédibles.
La réalisation d'Olivier Abbou, entre réalisme cruel et onirisme inquiétant, est nettement au-dessus du tout-venant de la série TV, française ou internationale, tandis que l’interprétation de Duvauchelle et d'Arestrup est solide, et souvent même inspirée. Il n’y a guère, fait qui a été relevé par de nombreux téléspectateurs, que le jeu outrancier de Sami Bouajila, qui fait le choix de surligner les excès de son personnage de policier perturbé, qui puisse s’avérer sinon dérangeant, mais tout au moins en décalage avec celui de ses partenaires : Bouajila - comme son personnage, finalement - est le facteur de déséquilibre dans la fiction, on peut le déplorer, mais on peut aussi juger ce qu’il fait intéressant, en ce qu’il empêche les Papillons Noirs de ronronner dans une espèce de qualité auteuriste rassurante.
En tant que tel, en dépit de quelques scories, les Papillons Noirs est donc une très belle réussite, rehaussée qui plus est par la crédibilité de l’évocation de l’atmosphère de la France des années 70, avec des images solaires qui nous rendraient presque nostalgiques, si elles ne servaient de cadre à de véritables horreurs.
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Créée
le 18 déc. 2022
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