The Mody Blues

Excellente mini-série française, qui s'achève hélas moins bien qu"elle n'avait débuté, comme souvent. Ainsi, le dernier épisode m'aura laissé sur une impression frustrante (procédés narratifs convenus, comme l'enlèvement du bébé ; sous-intrigues achevées de manière trop abrupte), mais ne doit pas faire oublier tout ce qui a précédé.

Déjà, "Les papillons noirs" apparaît très réussie sur le plan formel, tant au niveau de la photo que de la bande originale et des effets visuels. La reconstitution des années 70, en particulier, constitue une réussite remarquable : on se sent littéralement transportés avec les personnages dans cette époque libre et exaltante, au son du rock, de la funk ou du disco.

Les auteurs Bruno Merle et Olivier Abbou souhaitant rendre hommage au giallo italien, la violence graphique a bénéficié d'un soin particulier, avec de longues séquences de tueries à l'arme blanche, qui mettront mal à l'aise les spectateurs les moins avertis.

De plus, la série diffusée sur Arte bénéficie d'un casting de choix, comparable à celui d'un film à gros budget. Ainsi, "Les papillons noirs" repose énormément sur le face-à-face entre Niels Arestrup et Nicolas Duvauchelle (on le remarque d'autant plus lorsque le binôme est dissocié, dans les ultimes épisodes), autour desquels gravitent une galerie de seconds rôles convaincants, tels Alice Belaïdi, Brigitte Catillon, Sami Bouajila ou Marie Denarnaud. La mini-série révèle également de jeunes comédiens encore méconnus, à l'image du duo Alyzée Costes - Axel Granberger (dont la ressemblance avec Arestrup s'avère frappante).

Enfin, le scénario ambitieux constitue plutôt une réussite, mêlant habilement trois intrigues distinctes, avant d'afficher quelques limites au moment de conclure.

Certains rebondissements apparaissent prévisibles, et les coïncidences bien pratiques ne sont pas rares. C'est le jeu de la fiction, et il faut savoir l'accepter...

Par ailleurs, tout en cédant aux thématiques - inévitables à l'heure actuelle - des violences faites aux femmes, les auteurs ont l'intelligence de ne pas sombrer dans le féminisme à la petite semaine, bien au contraire.

Ce qu'on peut reprocher à Merle et Abbou au niveau des thèmes qui irriguent "Les papillons noirs", c'est le côté un peu fourre-tout et pas très original de leur propos : dualité des personnages, Eros et Thanatos, jeu entre fiction et réalité (matérialisé intelligemment par un changement d'actrice), tout ça n'est guère nouveau, mais dans l'ensemble ça fonctionne.

La série diffuse en effet une atmosphère singulière, qui favorise l'immersion dans cet univers.

A noter pour finir que la série a fait l'objet d'une novélisation, œuvre du romancier Gabriel Katz.