Mi-Cluedo Mi-Vaudeville: petits meurtres à travers les décennies (critique en cours)

Impasses pour les séries policières à la française, les successeurs interchangeables de Navarro et Julie Lescaut peinaient à plaire. Tout juste se distinguaient quelques Nestor Burma, déjà passé de mode et quelques séries originales comme PJ et la collection des Vertiges.
Enfin 2006 vint et la première en France donna un feuilleton qui allait tout changer. 2014 saura s'en rappeler. Mais quel peut bien être la clef de joyeux galimatias ? 2006 proposa le feuilleton Petits meurtres en famille faisant entre-apercevoir ceux qui, plus tard seront les pionniers d'une série à succès: Les Petits meurtres d'Agatha Christie ! 2014 connut un succès similaire en le téléfilm en deux parties Entre vents et marées qui s'esquisser le désormais célèbre Capitaine Marleau, qu'on pourrait aussi appelé, en référence à ses aînés salvateurs Les Petit meurtres de Colombo.
Un téléfilm ou un feuilleton à succès, servant de galop d'essai pour des limiers bien plus exceptionnels que les Fabio Montal, Léo Matéï, Fargas, Frank Riva ou autres Commissaire Valence. Et l'initiateur est l'oeuf des Petits meurtres d'Agatha Christie !
De quoi réconcilier la France avec ses séries policières sans tomber dans l'américanisation made in Canal +.


Les Petits meurtres d'Agatha Christie, c'est le pari un peu fou mais complètement chou d'adapter les intrigues de la Reine du Crime sous formes d'intrigues françaises dans le Lille des différentes décennies des années 30 à nos jours (avec toujours un nombre de décennies de recul ... ou pas). Un générique sous forme de pacte de lecture: quelques notes inoubliables mariant rire, suspens et peur, posant une ambiance dessinée et animée mi-Cluedo mi-vaudeville: on tue, on cache des corps, on se dissimule, tout en faisant claquer les portes et jouant à cache-cache avec les enquêteurs comme en criant : "Ciel, la police !"
Alors, quid des Petits meurtres d'Agatha Christie ?



Prologue: Le feuilleton "Petits meurtres en famille"



(en cours)



1ère ère: Les années 30-40 de Jean Larosière et d'Émile Lampion ## (9/10)



Historiquement placé dans les années 30, cette première ère des Petits meurtres donne la part belle aux héros du feuilleton introducteur. Ces héros, ce seront le commissaire Jean Larosière et son adjoint Émile Lampion. Un tandem tantôt émouvant, souvent comique et toujours haut en couleur, qui n'est pas sans rappeler celui de Pichard et Charbonnier du duo Leconte-Gotlib des VC étaient fermés de l'intérieur.
Jean Larosière, c'est un peu le nouveau Jean Rochefort. Excepté que la série s'est approprié le personnage pour ajouter au cérébral pétri de littérature un monstre de concupiscence donnant autant dans la libido dominandi - car il adore écraser ses subalterne de toute sa puissance tant hiérarchique qu'intellectuelle - que dans la libido sciendi - toujours à l'affût d'une nouvelle enquête, presque aussi addict aux énigmes que Sherlock Holmes quoiqu'aussi bourgeois qu'Hercule Poirot ! - et la libido sentiendi - car il cumule les dons de fin gastronome et de fin amateur de femmes. Ce policier -poète qui traite avec autant de soin ses enquêtes que les poèmes - notamment Mon rêve familier de Verlaine, son poème fétiche - est campé avec panache et un rien de surjeu qui s'acoquine assez bien avec l'esprit du générique par Antoine Duléry (Camping, Crimes parfaits, La Puce à l'oreille). Soit un acteur et comédien que je n'appréciais guère avant de le découvrir dans ce rôle qui le transcende et le magnifie.
Émile Lampion, c'est le nouveau Coluche. Et qui de mieux que le fils de ce même Coluche pour quasiment marcher dans ses pas ? Lampion, l'assistant maladroit, un peu simplet et trouillard, mais sensible et sincère qui complètera néanmoins le génial commissaire par sa passion pour les avancées des techniques policières auxquelles le vieux briscard se refuse de croire ? Marius Colucci (Capitaine Marleau, Populaire, Mystère au Moulin Rouge) l'interprète avec candeur et sourire dévastateur, nous surprenant par sa ressemblance avec son père sans jamais tomber dans l'imitation grotesque, bête ou méchante. Un personnage doux, très agréable qui ne souffre que d'un écueil. Si parfois (dans deux ou trois épisodes sur une bonne dizaine) la chose a pu s'avérer très intéressante, était-il bien nécessaire de faire de Lampion un homosexuel ? Cela permet la complexité d'une intrigue où Lampion est accusé par une jeune fille qui lui tourne autour de l'avoir violée, mettant un difficulté un Larosière qui sait que c'est impossible mais qui ne peut expliquer pourquoi à une société ayant encore la morale bourgeoise chevillée au corps. Cela permet de le travestir en féministe belge militante. Mais le reste du temps, cela sert uniquement à en faire le porte-étendard des SJW.
En somme et malgré quelques accrocs peu gênants, un duo qu'on aime retrouver, un duo de flics comme père et fils de substitution, évoluant dans des téléfilms en costumes aux scénarii cousus mains à partir du matériau de base. Deux allégories: le conservatisme et le progrès marchant main dans la main pour traquer les tueurs et combattre le crime.


TOP 5 des meilleurs épisodes (selon moi):


1- Cinq petits cochons
Un meurtre qui resurgit du fond du passé, un parfait cluedo et presque un Cold Case signée Agatha Christie, très bien respecté, nourri d'une rivalité Larosière-Lampion inattendue, qui fait passer par tous les sentiments d'un couplet à l'autre de la chanson-titre, égrainant les suspects jusqu'au coupable. Un très bel épisode, un très beau final et une belle participation de Michel Muller (Wasabi, La vie de Michel Muller est meilleure que la vôtre)


2- Le Chat et les souris
Épisode dans une institution de jeunes filles dignes de l'école Poudlard où les meurtres vont s'accumuler, où étudient les princesses, où l'on flirte parfois avec la Panthère Rose, où les squelettes parlent, où certaines personnes ont la vision des meurtres, où Lampion se fera bizuté façon MeToo, où Larosière lui-même va apprendre quelque chose qui changera sa vie. Un très bel et agréable épisode de cette ère de la série.


3- Je ne suis pas coupable
Un épisode plus prenant, tout en analepse avec un compte à rebours pour sauver une innocente que tout accuse. Des personnages pittoresques et bien écrits pour un marivaudage meurtrier où Lampion se change en femme, Larosière en époux soumis mais cavaleur, deux soeurs qui ignorent qu'elles le sont, une mère suffragette et saganisée à fond les manettes et des images très immersives. Ajoutez à cela un final volé au livre La Maison du péril (et par conséquent absent de l'adaptation dans cette même ère) et les belles participations de Lannick Gautry (Les Francis, Nos jours heureux, Noces rouges) et de Lou de Laâge (La Nouvelle Blanche-Neige, Blanche comme Neige, Les Innocentes), et vous obtenez un épisode à la fois drôlissime, touchant et percutant !


4- Le Flux et le reflux
Parsemé de scènes où les suspects fantasment l'assassinat de celle qui dérobe leur héritage, cet épisode qui voit Larosière retrouver et perdre un très vieil ami tout en faisant un détour par un Diogène Club à la française voit surtout la première participation à la série d'une des vedettes de la deuxième ère, j'ai nommé Blandine Bellavoir, la future Alice Avril !


5- La Maison du péril
S'ouvrant sur des nouvelles d'époque quelque peu remaniées pour passer du noir et blanc à la couleur, immergeant son spectateur au temps de la montée au pouvoir d'Hitler et la création des premiers congés payés, cet épisode respecte relativement bien sa source, à quelques exceptions. Plus que jamais Larosière devient un Poirot libidineux mais aussi très épris, pour notre plus grand plaisir, de l'envoûtante Elsa Kikoïne (Brocéliande, Vidocq). Une belle participation, au passage, d'Eric Naggar (Faubourg 36, Associés contre le crime).


Mentionnons les apparitions de Corinne Masiero (Capitaine Marleau), Vernon Dobtcheff (L'Espion qui m'aimait), Jean-François Garreaud (La Crim'), Guillaume Briat (Kaamelott), Christophe Alévêque - connu pour ses one-man shows - et Anaïs Demoustier (Quai d'Orsay).


Pour illustrer cette ère 30's, le poème fétiche de Jean Larosière:



Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.



Paul Verlaine, Poèmes saturniens, "Mon rêve familier"



2e ère: Les années 50-60 de Swan Laurence, Marlène Leroy et d'Alice Avril ## (10/10)



Nous voici cette fois dans les fifties jusqu'en 1962, crise des missiles de Cuba, mort de Marylin Monroe et date de Dr No, le tout premier James Bond ! Que d'ingrédients que l'on retrouve dans cette ère, mal aimée par certains, adulée par tous les autres. Une nouvelle ère de la série qui, certes, s'éloigne du feuilleton original, s'en affranchit pour se définir un univers propre et le peupler de personnages typiques des décennies de l'après-guerre et de la Guerre Froide. Cette fois, les héros sont le commissaire Swan Laurence, sa secrétaire Marlène Leroy et Alice Avril, journaliste qui traîne toujours entre leurs pattes pendant les enquêtes.
Swan Laurence, c'est indiscutable, jusqu'à la lune-gunbarrel finale à la That's all Folks, c'est un ersatz de Bond, James Bond. Costard impeccable, toujours le bon mot et la formule assassine à la bouche, froid, amateur de whisky et de vieux jazz, ex-espion et ex-résistant, solitaire, la gifle facile, on dirait 007 ou OSS117 devenu commissaire de police à Lille. Efficace, sournois et surtout implacable, il est interprété tout en dérision et sourire en coin par un Samuel Labarthe (voix française de George Clooney) goguenard qui apporte à son flic bondien la voix suave du vendeur de Nespresso et un faux air de Paul Meurisse. Une sorte de Monocle riant jaune, en somme.
Sa secrétaire, c'est Marlène Leroy, une blonde platine, évanescente, duduche et guimauve à souhait, pétrie de bons sentiments, au sourire exagéré à en devenir expressionistement inquiétant. La belle figure une Miss Moneypenny de caricature telle que se la représentent les profanes de la saga EON qui tient plus de Marylin Monroe que de Mylène Demongeot ou encore de Loïs Maxwell. Cette créature de rêve et de rires ainsi que son affreuse soeur pas si jumelle sont campée avec folie et brio par une Élodie Franck (Jugée coupable, Les Bracelets rouges), bien trop peu connue pour son indéniable talent.
Et, à leurs basques, la pétulante et râleuse Alice Avril alias Marie-Chantal, journaliste à La Voix du Nord qui cherche désespérément un scoop pour quitter le courrier du coeurs et s'adonner à l'investigation. Sorte de Tintin au féminin qui aurait troqué Milou contre un scooter blanc et qui, plus vulgaire, cumulerait les conquêtes, elle est délicieusement campée par Blandine de Bellavoir (Maison close, Plus Belle la vie), qui donne de la voix comme personne et offre à cette ère de la série plusieurs belles chansons jusqu'au final musical qui vient couronner le tout. Un jean bleu sur veste rouge ou une jupe de cuir noire sur pull jaune suivis d'une crinière rouge feu comme un turbo-jet qui propulse Swan et Marlène à travers des enquêtes plus jouissives les unes que les autres. Une question - effet Lampion en accéléré - était-il bien nécessaire d'en faire une lesbienne/bi le temps d'un épisode ? Pas sûr ...
Tout ce petit monde évolue autour de gags récurrents, comme les Bubulle successifs ou les joutes verbales hilarantes et cruelles auxquelles se livrent Laurence et Avril, et d'histoire personnelle sombre et profonde des différents personnages - le suicide du père de Swan, l'enfance malheureuse d'orpheline d'Alice. Ils se verront rejoints par d'autres personnages haut en couleur et hilarants et touchants comme le commissaires divisionnaire Tricard (Dominique Thomas, connu pour L'Immortel ou encore Le Placard), l'improbable Arlette Carmouille (Marie Berto, connue entre autres pour Le Petit Nicolas) et les deux principaux médecins légistes Euphrasie Maillol, qui fait chavirer le coeur de Laurence (Natacha Lindinger qui, plus jeune, faisait fondre Nestor Burma) puis Tim Glissant, qui s'éprend de Marlène et autopsie sur fond de Bob Marley (Cyril Gueï, qui a participé à la saison 3 d'Hero Corp).
Mentionnons les participations de Barbara Schulz (Antigone, Kaamelott), Jacques Frantz (voix française de Robert de Niro), Antoine Duléry (dans un rôle jouissif à découvrir), Arly Jover (L'Empire des Loups), Françoise Fabian (Belle de jour), Nicolas Vaude (Les Visiteurs III, Largo Winch), Julien Boisselier (Je vais bien, ne t'en fais pas ou encore Les Femmes de l'ombre), Anne Consigny (Hippocrate), Dominique Pinon (La Folle Histoire de Max et Léon, Amélie Poulin) et Chloé Chaudoye (psychologue psychopathe qui sera la psychologue Rose Bellecour de l'ère suivante).


TOP 5 des meilleurs épisodes (selon moi):
Bien plus complexe que dans l'ère précédente à la fois en raison du plus grand nombre d'épisodes que de leur grande qualité !


1- Pension Vanilos
Un épisode qui imbrique les affaires les unes dans les unes comme des poupées russes pour révéler un coupable totalement dément, une cache de drogue astucieuse, le talent époustouflant d'une part d'Élodie Franck dans un double rôle extraordinaire et du duo Labarthe-Bellavoir drôles à s'étouffer et émouvant à pleurer et prendre au tripes. Un très grand jeu d'acteurs du trio de tête pour une belle intrigue.


2- Jeux de glaces
Quoi de mieux que le premier épisode de cette ère ? Un épisode si fort, une claque, une dynamique soudaine, qui convainc directement et donne à lui seul l'envie dévorante de visionner l'ensemble de la série d'une traite. Une grande réussite et une entrée fracassante et magistrale des trois nouveaux protagonistes, qui nous feraient presque oublier Lampion et Larosière !


3- Drame en trois actes
En parfait accord avec l'esprit en partie vaudevillesque de la série, voici une variation sur le thème de la Pension Vanilos qui met cette fois à l'honneur le commissaire Laurence et don double. L'intrigue est un peu simple, certes, mais on le lui pardonne tant tout ce qui l'entoure est plus drôle, jouissif et intéressant (l'incroyable prestation générale de Labarthe, la scène de beuverie digne des Tontons Flingueurs, l'impayable entrée en scène de Cramouille, pour ne citer que cela) !


4- Un Cadavre au petit déjeuner
Après une entrée en scène de haut vol, une sortie de scène éblouissante et ambitieuse qui vire follement à l'Hellzapoppin ! Une enquête rythmée par des scènes de film musical, apportant d'émouvantes conclusions à chacun de personnages du trio de tête, qui encourage les spectateurs à accepter le départ de leurs chouchous tout en ramenant (presque) un ancien mis en concurrence avec eux. Un final en cassage de quatrième mur jouissif après un ballet final sauce Jacques Demy-La La Land. Une très belle participation d'Antoine Duléry qui accompagne la clôture de cette deuxième en fermant en même temps la sienne. Une très belle réussite !


5- Miss MacGinty est morte / Albert Major parlait trop
Un ex-aequo pour finir, tant tous excellent !
Miss MacGinty nous fait rencontrer la mère du commissaire, donnant lieu à de bonnes scènes de vaudeville et, dans le même temps, nous terrifie, jouant à la perfection les cartes du paranormal et du genre de l'épouvante: les morts ne sont pas morts, les spectres chuchotent au vivant et dès la première seconde, on frissonne ... devant la principale victime du téléfilm !
Albert Major prête plus à rire mais mystifie et donne lieu aussi à une intrigue qui jongle avec les quiproquos pour surprendre et pour faire rire ! Le vaudeville à son apogée, le suspens et le frisson presque à l'acmé de Miss MacGinty, une autre belle réussite qui mérite d'être ainsi distinguée.


Pour illustrer cette ère, la chanson et les paroles de la chanson à succès de Shirley alias Alice Avril, pastiche/parodie des chansons SLC:
https://www.youtube.com/watch?v=4bJ8bxyDkAc



Quand il me dit que je suis jolie,
Mon coeur fait boum boum didudioua !
Et quand il me dit que je suis à lui,
Mon coeur fait boum boum didudioua !
J'aimerais tant lui dire qu'au fond de moi,
Tout bas, je fais des bonds de joie.
J'perds la tête, je perds pied et j'aime ça:
C'est fou, oui, c'est comme ça.
Quand devant le lycée il traîne,
Mon coeur fait boum boum didudioua !
Oh! Les flèches de l'Amour m'atteignent,
Mon coeur fait boum boum didudioua !
J'perds la tête, je perds pied et j'aime ça:
C'est fou, oui, c'est comme ça. (X3)




3e ère: Les années 70 d'Annie Gréco, Rose Bellecour et Max Beretta



Virage à 180° vers le féminisme anachronique bien année 2010-2020 pour le début de passage aux années 70, qui sont à la rigueur respectées dans le design, les décors psychédéliques, les hippies, les pantalons à pattes d'eph, les mini-jupes plus courtes que jamais sur des gambettes plus longues que jamais. La série prend un très mauvais virage avec LA commissaire Annie Gréco et ses deux collaborateurs Max Beretta et Rose Bellecour.
Annie Gréco, c'est l'incarnation de l'expression stupide "femme forte" qui fait entendre un double sens de caractère et de corpulence: dodue, la bougresse doit surtout s'imposer parmi des hommes forcément machistes et stupides non en tant que commissaire mais en tant que femme: il en va de la sainte cause féministe. Le ridicule ne tue cependant pas et l'on peut aimer le style Josiane Balasko qu'octroie à son personnage Emilie Gavois-Kahn (Engenages, Les Bracelets rouges)
Max Beretta, c'est en apparence un simili-Starsky & Hutch deux en un et deux fois plus cinglé et tête brûlée, qui pourrait plaire s'il ne se faisait pas minet MeToo et si son interprète, Arthur Dupont (Victor et Célia), ne donnait pas dans cette façon de déclamer les blagues propre au Marrakech du rire qui commence sérieusement à agacer. Son nom est celui d'une arme à feu mais son identité est celle d'un homme plaqué en sentiment d'abandon et en plein complexe oedipien. Un calvaire parfois insupportable à suivre, particulièrement dans le final en split-screen que semble vouloir s'imposer cette troisième ère de la série.
Reste Rose Bellecour, la psychologue, coupe à la garçonne, lunettes énormes et loufoques, bottines et mini-jupe très sexy, qui en plus d'apporter de la fraîcheur dans ce trio très axé sur les "Il faudrait les balancer, ces porcs!" avec cinquante ans d'avance (fantasme et onanisme progressiste de plus en plus "dans l'air du temps" comme le veut leur formule consacrée et prétendument non "nocive"), rétablit la pondération que savait entretenir l'ère précédente en opposant de manière jouissive et comique les arguments de Swan Laurence, soit le vieux Schnock réfractaire au changement, et d'Alice Avril, soit la mascotte progressiste. Sans arrêt dans l'analyse, elle remet chacun à sa place à commencer par elle-même, tout en appelant au calme. Dommage que ce ne soit ce qui prédomine dans les épisodes de cette ère, trop occupés à la propagande, écornant au passage ce qui faisait la saveur des oeuvres adaptées. Chloé Chaudoye (Profilage, Marie et les Naufragés) s'avère donc la seule à correspondre à l'horizon d'attente des spectateurs qu'elle comble au-delà de toute espérance en tempérant les exaspérants élans voire relents metooïstes systématiques et anachroniques de début de nouvelle ère.
(à suivre avec, espérons-le du meilleur à ajouter ...)

Frenhofer
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le 4 avr. 2021

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