Une série qui n'a pas franchement convaincu le public français. Il est vrai que pour apprécier "Les sauvages", il faut passer au-dessus d'un certain nombre de défauts gênants.
Pour ma part, j'ai trouvé la mini-série réalisée par Rebecca Zlotowski intéressante : ambitieuse, souvent pertinente dans son propos, et divertissante tout au long des 6 épisodes - même si le niveau a tendance à décliner sur la fin.
Certes, les maladresses et invraisemblances sont légion, certains personnages ont une utilité discutable (Marina Foïs, Amira Casar), et on relève quelques choix scénaristiques peu concluants, mais l'ensemble reste original et courageux. Une fiction qui s'attèle à la psychanalyse de la population française d'origine maghrébine, c'est du jamais vu sur le petit écran.
Cette création originale Canal + est une adaptation des romans de Sabri Louatah, lequel a co-scénarisé la série. On passe de la dystopie politique (dans une France en proie aux émeutes et au communautarisme) au thriller post-attentats islamistes, tout en évoquant les questions existentielles qui parcourent la population maghrébine dans son lien à la nation française, et réciproquement.
Si les 2 derniers épisodes s'avèrent plus laborieux, les 3-4 premiers sont vraiment de bonne facture, dans la lignée des séries de prestige estampillées Canal +. Ainsi, la dimension politique des "Sauvages" se révèle plutôt crédible, et j'ai trouvé la mise en place du récit efficace et prenante.
Ca se gâte un peu par la suite, le thriller proprement dit reposant un peu trop sur des coïncidences et autres codes habituels du genre...
Durant la première partie, j'ai particulièrement apprécié la ravissante Souheila Yacoub dans le rôle de Jasmine, la fille ambitieuse et un peu arrogante du Président Chaouch, au sein d'un casting re-beu qui tient la route, à l'image de Shaïn Boumedine ("Mektoub, my love"), Lyna Khoudri ("Papicha"), Farida Rahouaj ou Carima Amarouche.
Quant aux deux frères ennemis, le beau gosse Dali Benssalah et le rappeur Sofiane, sans démériter foncièrement, leur jeu apparaît plus inégal d'une scène à l'autre.
A noter qu'une partie des "Sauvages" se déroule à Saint-Etienne, avec en particulier une scène tournée au stade Geoffroy-Guichard un soir de match.