Chasse aux malfrats dans Paris au début du XXe siècle
"Une année, un film" : Les Vampires, Louis Feuillade, 1915.
Penchons-nous sur un cas un peu spécial. En effet, il ne s'agit pas réellement d'un film, mais d'un feuilleton policier de dix épisodes à durées variables, sortis entre novembre 1915 et juin 1916, et s'étalant sur une durée totale d'environ 6h30. Il m'a donc fallu trois jours pour parcourir l'intégralité de cette série intéressante à bien des égards.
Ce bond dans le temps permet de se plonger dans le quotidien de la ville de Paris lors de la Première Guerre Mondiale, loin des tranchées et des tirs d'obus (enfin, peut-être pas tant que ça mais ça n'est pas ici le fruit de la discorde). Ce petit feuilleton nous emmène suivre les péripéties de Philippe Guérande et de son fidèle ami Oscar Mazamette, dans le but de démanteler une vaste organisation criminelle nommée Les Vampires.
Le cinéma français prend ici un nouvel élan, après les films expérimentaux des Lumière, et les courts-métrages bourrés d'imagination de Méliès, on s'attaque ici à un genre plus sérieux, et tout aussi créatif. Techniquement, le film montre que les années 1910 ont marqué un vrai boom dans l'histoire du cinéma. Travellings, courses poursuite filmées en voiture, course poursuite à pied sur un train... Sans faire de ce feuilleton une vraie prouesse, il se laisse très bien regarder aujourd'hui. Nul doute que bien des choses ont changé depuis tout ce temps, mais les films de cette époque ont une insouciance qui leur est propre. Philippe Guérande nous fait un peu penser à Tintin, véritable fouineur dans les affaires des malfrats, épaulé par l'attachant Mazamette, toujours là au bon en droit au bon moment, que deviendrait-on sans Mazamette ? Et bien sûr on a la très séduisante Irma Vep, incarnée par Musidora, méchante par excellence, perfide mais irrésistible, lançant la mode des vamps et faisant elle une icône du cinéma à l'époque.
Les Vampires est une petite histoire sans le moindre suspense, mais pourtant pleine de rebondissements rythmés par la succession entre les épisodes. C'est une petite aventure loin d'être déplaisante à voir et qui dresse un tableau intéressant d'une époque mal connue du cinéma.