Peu de séries auront lié humilité, empathie et ambition avec autant de perfection que Les Vies rêvées d'Erica Strange. Sous ces dehors de Sex and the city en plus léger, Being Erica (sublime titre VO) réécrit la vision limitée que nous avons souvent de notre vie et notre monde, avec justesse et réalisme, mais surtout une utilisation audacieuse du surnaturel.
Les voyages temporels au cœur de la thérapie de l'héroïne servent avant tout comme révélateurs de la psyché humaine. Loin d'être rassurants ou occasion d'opportunités, ces voyages se révèlent souvent amers et inexorables, et n'assurent en aucun cas un meilleur présent une fois revenu. L'équilibre prodigieux de Being Erica est qu'elle demeure feel-good en permanence.
Le surnaturel n'agit finalement que comme déclencheur aux réflexions de l'héroïne et du public. Erica Strange apprend lentement, se trompe souvent, mais peu à peu s'ouvre, apprend le courage, et devient une meilleure personne, sans angélisme ni complaisance. La sensibilité de la fabuleuse Erin Karpluk est palpable à chaque instant. L'humour sarcastique de Michael Riley apporte un contrepoint habile à cette sensibilité. Quelques pointes un peu moralistes ou conservatrices sont à relever, mais c'est un bien petit défaut quand on voit le tableau dans son ensemble.
Parachevé par un merveilleux finale sous le signe de l'espoir, le bijou de la trop rare Jana Sinyor est un zénith de feel-good, débarrassé des facilités et clichés du genre. Dynamisé par une écriture d'autant plus brillante qu'elle ne cherche jamais l'effet, Being Erica est un chef-d'oeuvre existentiel, humaniste et sensible.