Ricky Gervais nous revient avec une nouvelle série; cette fois il s'agit des déboires d'un nain acteur qui tente d'accéder à la célébrité ou plutôt à la reconnaissance de ses pairs; le personnage est pourtant déjà mégalo et égocentrique et possède la fâcheuse habitude de s'autodétruire.
L'auteur, accompagné de son ami Stephen Merchant mais aussi de Warwick Davis, l'acteur principal qui joue donc son propre rôle, offre une belle déception; Lifes's too short semble en effet une sorte de fusion entre les deux oeuvres les plus connues et récompensées de l'humoriste, même si cette fois il ne s'y offre qu'un petit rôle. On retrouve donc le principe du documenteur de The Office et le principe de l'acteur qui veut percer de The Extras; les personnages secondaires semblent pris de l'un ou de l'autre, les situations plus du deuxième (de par le sujet de la célébrité et du principe de guest star) que du premier (l'aspet bureaucratique n'est pourtant pas évité avec la trame du divorce).
Le premier épisode est hilarant, comme souvent dans les production Gervais, mais très vite on s'aperçoit de la supercherie, à savoir que la machine tourne en rond, que les gags sont toujours les mêmes: Puisque les personnages sont les mêmes que dans les précédentes productions et que les situations ne diffèrent énormément non plus, le résultat est qu'on a l'impression de revoir le même épisode encore et encore, caché par quelques grossières variances .
L'auteur se veut tout de même un peu plus trash puisque le protagoniste principal est nettement plus odieux que ceux des autres séries; par là on peut y entrevoir l'influence de Larry David (curb your enthusiasm) mais également de Danny McBride (eastbound and down).
Mais la différence est là. Larry David, même si son personnage reste le plus simple au monde (c'est d'ailleurs assez beau de voir que tous les personnages de sa série sont complexes, SAUF celui de Larry David), les situations varient et sont toutes plus folles les unes que les autres; le travail sur le comique ne repose dès lors plus seulement sur la performance de Larry, mais bien sur la construction pour rendre l'histoire crédible et Larry incompris. Dans Life's too short, comme dans Extras déjà, il n'y a aucun effort pour crédibiliser la situation, qui de toutes façons est plus répétitive que folle. Résultat, les dialogues se ressemblent, tandis que la chute, elle , est inévitablement la même.
La différence avec Eastbound and down tient davantage sur la façon de montrer à quel point on peut être odieux. Ricky cherchera principalement à provoquer, ce qui est drôle, mais le spectateur finit par ressentir une certaine banalisation du proces tant il est répété et surtout tant le fond est vide: provoquer pour provoquer ça ne fait pas rire éternellement. Danny McBride apporte un message au travers de son comportement décrié, et la mise en scène met en évidence le côté burlesque, tandis que Life's too short semble simplement profiter du privilège apporté par un (anti)héros nain: car qui d'autre qu'un nain peut se moquer d'un nain?
Question scénario, il n'y a pas vraiment de continuité entre les premiers épisodes, puis pour la fin, un fil rouge semble se dessiner... mais trop tard puisque c'est presque fini. Ainsi, l'histoire d'amour apparaît tel un cheveu sur la langue, de façon incongrue, et le pire c'est qu'on n'arrive pas à le retirer. Certaines sous intrigues sont très vite abandonnées tel que les problèmes d'argent de Warwick Davis puisque finalement, on ne fait que rarement état de ses finances (les premier et dernier épisodes sont les plus marquant à ce sujet, tandis que les autres en font l'impasse).
Enfin dans la mise en scène, le concept de documenteur n'apporte strictement rien, et sent même carrément le réchauffé aujourd'hui ; les regards constants à la caméra ont également le don d'irriter au plus haut point surtout par la prévisibilité de l'acte. Il est même des moments où on oublie le principe tant il est superficiel, jusqu'à ce qu'un regard ou une interview vienne nous le rappeler.
Bref, une série qui començait très bien, avec Liam Neeson en guest star inoubliable, et puis dès le second épisode on comprend qu'il n'y aura rien de plus que ce qui a été fait dans le pilote (Johnny Depp ne provoquera qu'un coin de sourire). Ricky Gervais a grandement besoin de se réinventer; il faudra que je m'attarde sur ses films afin de conclure sur son cas.