Life's Too Short
7.1
Life's Too Short

Série BBC Two (2011)

La taille ne fait pas tout... Elle est facile celle là.

Après avoir subi Special Correspondents, j’avoue que Ricky Gervais ça me branchait plus trop mais un peu par hasard je suis tombé sur Life’s Too Short. La série, qui raconte les déboires de Warwick Davis dans le milieu du showbiz, explore comme avait pu le faire Bojack Horseman les errances d’un acteur has-been persuadé que la gloire est éternelle. Warwick Davis est donc un acteur nain ayant entre autre joué Wicket le Ewock dans Le Retour du Jedi, le professeur Flitwick dans la saga Harry Potter ou encore le premier rôle de Willow qui est sa plus grande fierté. La série prend la forme d’un faux documentaire/télé-réalité qui suit le quotidien de Davis peinant à trouver des rôles et tenant une agence pour acteurs nains. Quasiment tous les acteurs jouent leurs propres rôles, c’est donc l’occasion de caméos tous plus tarés les uns que les autres, jouant sur l’image des célébrités en question à la manière de C’est la Fin de Seth Rogen et Evan Goldberg par exemple, et son James Franco cliché d’artiste indé'. On a donc le droit entre autre à un Liam Neeson voulant se lancer dans du stand-up avec des blagues sur le SIDA, un Johnny Depp qui pour son 250ème films avec Helena Bonham Carter et Tim Burton veut apprendre à être un nain ou encore Val Kilmer et son masque de Batman. C’est drôle, incisif sur le système Hollywoodien et sans concession pour Warwick Davis et les autres acteurs, faisant preuve d’une auto-dérision en kevlar tant ils en prennent plein la mouille, dont Ricky Gervais et Stephen Merchant en faux-derches absolus. La série sait par moment faire preuve d’une pertinence à propos des nains à peine considérés comme des personnes puisque 90% de leurs rôles sont déguisés ou masqués que ce soit les Ewok, R2-D2, etc. Au-delà de ça, Davis loin d'apparaître comme un Martin Luther King nain comme il aime s’appeler, participe à organiser des lancés de nains ou autres activités plus ou moins dégradantes. La série datant de 2011 on est dans une époque où Game of Thrones vient à peine de débarquer et donc avant que Peter Dinklage n’explose comme le premier acteur nain vraiment connu et reconnu. Warwick est donc confronté à une sorte de racisme ordinaire comme le moment où au restaurant il a rendez-vous avec un rencard, elle aussi naine, le maître d’hôtel présumant immédiatement qu’un nain ne peut-être qu’avec une naine, ou encore les gens qui l’infantilisent ou pire le traitent comme un accessoire pratique lors du caméo d’Helena Bonham Carter aussi savoureux que cruel. Néanmoins, Davis participe lui même à nourrir cette image par son métier ou encore en acceptant les premiers rôles venus, même les plus dégradants. En somme, la série peut parfois se révéler cruelle dans son humour, mettant en scène des personnages tour à tour détestables et attachants, mais touche au but puisque cela lui permet de dépasser la succession de scénettes comiques pour se doter d’un fond pertinent en étant plus efficace et subtil qu’un plaidoyer larmoyant sur l’acceptation de la différence.


D’un point de vue technique, la série se place dans la droite lignée de The Office et Extras en étant filmé comme une émission de télé-réalité avec des zooms qui ne font pas le point immédiatement, des témoignages face caméra, etc. Cette forme permet de créer un timing particulier au niveau de l’humour jouant sur des regards caméra ou des événements au second plan puisque nous suivons un seul point de vue intra-diégétique. La série fonctionne sous la forme de scénettes comiques très rythmées aux dialogues percutants. Tout l’humour autour de la persona des différents acteurs est très bien senti et efficace, la persona de l’acteur étant pour résumer grossièrement l’image que celui ci a dans l’imaginaire collectif, forgée par ses rôles et sa vie privée/publique. Entre autre, Liam Neeson passe pour un gars austère et intimidant et Val Kilmer pour un gars qui bouffe tout le temps. Cet humour mélangé à la forme du faux documentaire brouille les frontières entre réel et fiction en plus de se moquer de ce genre d'émissions qui suivent la vie de stars à la ramassent comme Hulk Hogan ou je ne sais quel has-been qui dans un dernier soubresaut pour sauvegarder leur notoriété, vendent leurs vies privées. Il est donc logique que Gervais et Merchant s'en donne à cœur joie pour démonter ces émissions y injectant des personnages abjectes à la vie plus ou moins pathétique, la fausse émission s'arrangeant toujours pour capturer les moments les plus gênants et putassier pour faire le buzz et l'audience. C’est un humour qui présuppose du spectateur des connaissances sur les célébrités et leurs images et donc qui ne parlera pas forcément à tout le monde. Néanmoins pour peu qu’on y soit sensible, les péripéties de Warwick Davis sont bien équilibrées en terme de rythme et sa courte durée, 7 épisodes de 20 minutes et un spécial de 60 minutes ne laisse pas le temps à une routine de s’installer. Je vous conseille donc de dévorer cette courte série vraiment savoureuse, preuve du savoir faire de ses créateurs (on ne comprend toujours pas comment Ricky Gervais a fait pour accoucher d’une purge comme Special Correspondents). La série est disponible sur Netflix, que je vous recommande car trouver le spécial autrement est vraiment compliqué. Sur ce, je vous laisse, j’ai un chèque de Netflix à récupérer.

Adrien_Pointel
8
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le 15 juin 2016

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