Sur un sujet pourtant percutant, avec lequel on ne peut qu'entrer en empathie - à moins de faire partie d'une certaine frange de la population nostalgique des moustaches carrées, "Little Bird" finit par agacer tant la série ne semble avoir qu'un objectif : faire pleurer dans les chaumières sans jamais questionner sur ce qui se passe, sur les tenants et aboutissants. Tous les "méchants" semblent sortis d'un dessin animé tant ils sont unidimensionnels (la nana des services sociaux c'est grosso modo la matrone de princesse Sarah). Pire, le scénario en fait tellement des tonnes dans l'accumulation des catastrophes que l'on finit presque par douter de la véracité de l'histoire*.
(le frère retrouvé qui meurt aussi sec, la soeur qui accouche pile à ce moment là, la maman biologique qui revient pile à ce moment là... Tout se passe en une semaine, on dirait.)
Certes ces situations et personnes existent en vrai, certes les flics canadiens ont certainement tabassé à mort beaucoup de "natives" juste pour le fun sans jamais être inquiétés (vu de la France de Macron, le pays de la bavure réinstitutionnalisée, c'est assez facile de le croire !) mais tout cela n'est jamais questionné. A aucun moment ne sera évoqué la mort du père, tué par la police : on dirait que les showrunners n'ont pas voulu cliver sur cette question alors qu'elle est évidemment centrale. Idem pour la question de la foi fervente de Bezhig, qu'elle ne doit qu'à son adoption par une famille juive : alors qu'elle revient parmi les siens, aux croyances très différentes qui étaient les siennes, Bezhig ne semble jamais remettre en question sa dévotion et la série se termine sur une ellipse ridicule qui semble sous-entendre qu'on peut 100% être juif méga pratiquant et pratiquer des rituels en l'honneur du Créateur des "natives" en toute tranquillité... OK !
Je crois même avoir perçu une tentative de mettre en parallèle la shoah (la maman adoptive est rescapée des camps) avec ce qu'on vécu les natives. Glissant...
Bref, un gros gâchis probablement dû à l'envie de faire du grand public larmoyant et de ne pas trop chercher à faire réfléchir le spectateur.
*Je précise que je n'en doute pas, hein...