Je vais principalement m’attarder sur deux épisodes qui font que je considère cette troisième saison comme la meilleure, pour le moment (pas vu la suivante).
Louie, Saison 3, Episode 4
Il y a dans cet épisode tout ce que j’adore – elle parvient régulièrement à me combler mais rarement aussi pleinement – dans la série, qui en utilisant sa faculté de glissement (certains épisodes sont parfois trop sèchement scindés en deux) parvient à ouvrir l’épisode sur une multitude d’émotions qui viennent à converger. D’emblée, la partie Stand up sur les préjugés est très drôle et parfaitement relayée par une discussion entre Louie et ses filles dans un fast food (Les taxes des frites) et l’envie soudaine de leur trouver une belle maman, sur les remarques qu’elles lui ont proférées. S’ensuit un triple délire fantasmé sur des maîtresses d’école, une brève aventure sexuelle avec une collègue bien cinglée et enfin une rencontre magnifique avec une bibliothécaire après une autre partie stand up désopilante, sur l’exultation en solitaire. Il y a parfois des problèmes de dosage dans la série (abus de l’absurde, du gag ou de l’exagération) mais dans cet épisode 4 je la trouve au contraire très homogène, où chaque séquence est plus ou moins complémentaire d’une autre. Le malaise coutumier est ici superbement distillé pour se révéler in fine très jouissif. Je me rends compte que je suis client de ces épisodes où l’on voit ses filles, à tous les coups. Et puis j’aime quand la série se permet de si belles boucles.
Louie, Saison 3, Episode 9
Encore un épisode magnifique, à la fois dans la continuité dramatique (la quête amoureuse) et en rupture avec les deux précédents épisodes plus guest, exubérants (la mort d’un ami, l’absence du père, Robin Williams, F. Murray Abraham). C’est le retour de Liz (Episodes 4 et 5) ! On craignait que la série l’oublie aussi vite qu’elle l’avait fait apparaître (c’est aussi son charme, l’ellipse, passer du coq à l’âne) tant elle avait offert deux épisodes si beaux et détachés, qu’il aurait été dommage de la sortir ainsi. Pourtant on ne la verra pas. Enfin, uniquement son visage dans un rêve de Louie. Rêve qui le décide à retourner à la bibliothèque, où elle n’y sera plus, remplacée. Cette remplaçante et Louie discuteront, au sujet de cet amour qu’il a laissé filé. Elle, un peu folle, trop altruiste, l’accompagne dans sa quête. C’est un semi épisode très rohmérien au départ qui se clôt dans un café de façon aussi glauque qu’inattendue (Formidable Chloé Sevigny). La deuxième partie se joue dans son quotidien parental. Il récupère ses filles à l’école mais l’aînée semble contrariée, sans doute fait-elle son entrée dans la crise de l’adolescence. Après un agacement très Louie CKien et une bonne dose de prise sur soi (Je ne me lasse pas de ces fameux doigts d’honneur en guise de défouloir) Louie se retrouve à chercher sa fille qui serait (selon la cadette) sortie pendant sa sieste. Branle-bas de combat, inquiétudes, recherches intensives poussent Louie dans le désarroi face aux gendarmes. Magnifique séquence (en un seul plan) qui dévoile une résolution drolissime. L’épisode s’était lancé dans une quête rohmérienne et il s’achève sur un quiproquo rohmérien. Je ne pouvais qu’adorer.
A part ça, cette saison est formidable. Le triple épisode sur le Late Show est un pur bonheur, avec qui plus est un invité de choix en la présence de David Lynch, parmi Jerry Seinfeld, Paul Rudd ou Susan Sarandon, rien que ça.