L'ambivalence du clown triste
Louie c'est le gars dont on ne sait pas trop si on l'envie ou pas. D'abord son physique : la quarantaine passée, gras, chauve et ok je le dis, roux (c'est pas une tare pour moi mais comme certains le pensent, je le précise). Sa situation sentimentale ensuite : divorcé avec la garde à temps partiel de ses deux petites filles. Une vie sexuelle qui se limite à une masturbation frénétique, entrecoupée ça et là par des coïts sans âme avec des femmes dont la folie ne va aller que crescendo tout au long de la série. Mais ce qui caractérise Louie, c'est cette résignation sur sa vie, cette conscience qu'elle est ainsi, merdique est le terme qu'il emploie le plus, et qu'elle ne changera jamais si ce n'est en se déteriorant.
A l'opposé et on le voit dans de brefs flashs qui apparaissent en début d'épisode et en fin d'épisode, Louie c'est aussi l'un des humoristes de stand-up les plus doués de sa génération. Drôle, incisif, percutant, souriant, il met en scène et sur scène sa vie pour mieux en rire et s'en moquer. Le contraste est bluffant avec le loser que l'on voit dans sa vie de tous les jours, incapable d'avoir une conversation normale avec une femme, s'écrasant à la moindre humiliation, se laissant même faire un toucher rectal par son médecin traitant qui pourtant ne fait que lui faire des blagues (Ricky Gervais, absolument génial dans ce rôle).
On suit donc ce comédien dans New-York (principalement) qui va vivre des soucis ordinaires entourés la plupart du temps par de doux barjos.
Bien sûr cette dichotomie très cloisonnée du personnage principale et sa propension à vivre une succession d'histoires improblables fait parfois passer la série pour ce qu'elle est : Une série télé où l'association entre le spectateur et Louis C.K. a du mal à se faire.
Ce mélange doux amer, pour reprendre la formule consacrée, fait de cette série un pur moment de délice que l'on peut consommer au gré de ses envies - les épisodes n'ont pas de réel suite- surtout pour les deux premières saisons.
Enfin Louie c'est aussi des guests, Ricky Gervais cité plus haut, Chris Rock, Jay Leno, Jerry Seinfeld, Doug Stanhope (pour l'un des meilleurs épisode de la série, le plus sombre), David Lynch (!) et d'autres.