C'est une série extrêmement difficile à critiquer. La majorité la trouveront divertissante, originale, marrante, farfelue et pire : réaliste.
Malgré le manque de rythme de certains épisodes, on se surprendra même à vouloir regarder tous les épisodes pour voir où cela nous mène.
Mais ne soyez pas dupe. Cette série ne vous emmènera nulle part. Elle est figée sur place en vous donnant l'illusion que les personnages évoluent à travers un écran de fumée de blagues potaches et de fausse originalité. Un peu à l'image de ces décors hollywoodiens qui défilent sur un écran alors que la voiture reste sur place. Vous, vous êtes sur le siège arrière essayant parfois de regarder où vous mène la route, mais manque de pot, cela n'est qu'une illusion. Vous voilà au point de départ (spoiler ridicule) à l'image de leur rencontre à la station-essence, qui est également le lieu de leurs re-retrouvailles.
On pourrait croire qu'il s'agit d'une histoire d'amour originale, autour de deux paumés sentimentaux. Ce n'est pas une série sur l'amour mais bien sur son absence, sa quête désespérée et l'incapacité à aimer. En ce sens, on peut dire que la série est une réussite. Nous comprenons clairement que les deux personnages, sans doute fruit de leur époque, sont tellement centrés sur leur propre personne qu'ils ne peuvent appréhender l'amour que d'une manière utilitariste et consumériste. Chacun étant prisonnier de ses propres névroses et addictions, ils sont complètement perdu quant à leurs avenirs et leurs missions sur cette Terre. Leur égocentrisme peut être illustré de multiples manières : les photos "instagram" qui ne servent à rien si ce n'est pour montrer son frigo vide, la scène au refuge animaliers où l''héroïne se fait traiter de merde car incapable de s'occuper correctement de son chat, la manière dont l’héroïne utilise à son avantage sa relation avec sa colocataire etc...
On retrouve également toutes les thématiques d'Apatow qui se concentre sur la revanche de geeks hideux qui se tapent des bombes, la coolatitude autour de la weed, l'absence de repère dans un monde qui semble incompréhensible, la désacralisation du sexe, et le rejet du spirituel et du religieux. Ajoutons (ici) à cela une critique d' Hollywood et de la production des séries américaines.
Si Gillian Jacobs est parfaite, le jeu de Paul Rust irrite après quelques épisodes. On a l'impression de voir une imitation ratée mélangeant Woody Allen et Larry David. Ses gesticulations n'amènent absolument rien au personnage qui semble vide de toute personnalité ou même d'âme.
Cette série est difficile à critiquer car au final, on peut regarder cette série de différentes manières. Soit comme une critique acerbe de cette jeunesse autocentrée nageant dans le vide incapable de regarder vers le haut, soit comme un message d'amour à cette jeunesse qui se retrouvant dans ces personnages finissent par être conforter sur leur sort.
Au final, on en ressort pas grandi. Et c'est dommage, surtout lorsqu'on parle d'amour.