Lucky Luke (US)
6.5
Lucky Luke (US)

Dessin animé (cartoons) France 3 (1983)

Le Cow-Boy franco-belge part enfin aux États-Unis... Non, attendez quoi ?

Et voilà la plus ancienne série Lucky Luke, datée de 1983, produite avec la collaboration du studio américain Hanna-Barberra. L'objectif de la série sera de transformer les aventures figées du lonesome cowboy far aouay fraum haume en dessins-animés de 20 minutes, première tentative qui aura des résultats plutôt mitigés.

Connaissant mal les bandes dessinées, ça m'est un peu difficile de juger la série à l'aune de l'adaptation, mais assez souvent il me semble que les scenarii américains ne tiennent pas la comparaison. On préfère troquer les gags fins de Goscinny pour des blagues tarte à la crème et autres trucs récurrents qui s'usent un peu vite, comme les gens qui répètent ce que dit la narration - car oui, Lucky Luke joue les narrateurs et ce sera la seule fois de mémoire. C'est pas aidé par la musique western au synthétiseur de Haïm Sabam et Suki Levy, franchement pataudes et molles. Notez d'ailleurs un seul et unique gag d'anachronisme dans l'introduction du premier épisode avec le lavage-cheval-auto... Gag un peu nul qui sera heureusement abandonné immédiatement dans la suite.

Rantanplan et Jolly Jumper y sont bien plus loquaces. Les répliques de Jolly ne sont pas toujours très intéressantes, et il répète souvent les mêmes rengaines - les scénaristes ont cette mauvaise manie de répéter les mêmes gags, ça finit par lasser. Pareil pour Rantanplan, lequel est beaucoup plus présent, et servira quelques fois à être l'animal qui sauvera in extremis Lucky Luke de manière parfaitement fortuite. Le Cow-Boy solitaire un peu plus passif joue beaucoup plus sur sa bonne étoile, les premiers épisodes aiment rappeler à quel point l'homme jouit d'une forte chance, comme si les américains avaient vu un bon filon à exploiter à la lueur du nom du héros. Ce sont des éléments qu'on voit bien pointer à quelques moments dans la bande dessinée, mais qu'on a cru bon d'extrapoler à outrance.

Pour être précis, ces aspects-là, la chance, les sauvetages accidentels par Rantanplan, le coté passif de Lucky Luke, ce sont des éléments qui finissent par se résorber assez tôt. Lucky Luke recommence peu à peu à montrer sa ruse ; et même si on force sa présence dans des épisodes qui pourraient se passer de lui, Rantanplan a un rôle bien plus réduit et assez vite il arrêtera de sauver la situation par accident.

Reste que Lucky Luke y est beaucoup plus générique. Là où les BD lui font jouer le rôle de l'homme raisonnable dans un univers de crétins - eh, c'est écrit par Goscinny à la base ! - usant généralement de ruse pour piéger les bandits autant bêtes que dangereux, où il lui arrive d'exprimer sa frustration à devoir toujours courir après les Dalton, à fulminer face à l'idiotie des civils, à se marrer dès qu'un hors-la-loi se prend les pieds dans le tapis, l'adaptation fait du personnage un héros plus lisse.

La fidélité de l'adaptation dépendra fortement de l'épisode, visiblement selon l'humeur des scénaristes, mais la plupart du temps il me semble que des arrangements sont réalisés. Des efforts qui visent clairement à faire rentrer la BD dans des cases de 20 minutes en supprimant quelques péripéties, ou en recomposant des passages du matériel source ; modifications logiques puisqu'ils permettent à l'épisode de ne pas être trop expéditifs à vouloir foutre toute la BD dedans. Mais il a aussi de l'édulcoration dues aux normes américaines, avec l'absence de domestiques faisant parties de minorités ce qui enlève quelques gags au Pied-Tendre. C'est peut-être pour ça aussi que des situations un peu extrêmes sont évités : dans Ma Dalton, les Daltons ne s'échappent plus en provoquant l'incendie de la prison comme dans la version figée.

De toute façon, on perd souvent des séquences pourtant très bonnes. Ainsi, le premier épisode, Ma Dalton, est certes celui dans lequel le plus de moyens ont été mis, mais il fait pâle figure par rapport à l'excellente BD. Beaucoup de péripéties qui lui donnaient corps (les datons qui se déguisent en Ma, les interaction familiales des Daltons ou même une grande partie du final) ont été réduits ou éliminés. Les Daltons dans le Blizzard perd son combat de boxe, je suis sûr qu'A l'ombre des derricks a quelques pertes avec en prime des ajouts un peu surprenants (Lucky Luke en shérif tente de coffrer les fauteurs de trouble en se servant de petits délits style Al Capone !)... Dans le positif je ne suis pas contre l'ajout où Malone oblige La Caravane à reprendre ses coûteux services après avoir piégé Lucky Luke, même si l'idée n'a pas l'occasion de se développer ; ou bien le running gag de San Francisco dans Le Grand Duc.

D'autre part je note que Le Fil qui chante prend le temps de présenter les personnages secondaires histoire de créer un peu plus de tension sur l'identité du traître, et La Caravane met plus d'emphase sur la vieille dame que ne le fait la BD, quelques essais de dramatiser un peu plus les scénarii.

Je pense que les arrangements ont quand même tendance à appauvrir le tout, donc on se demande bien pourquoi ne pas avoir conservé un peu plus de trucs de la bande-dessinée.

L'animation, que d'aucuns jugent supérieure à la série IDDH qui suivra en 90-91, est en fait très inégale. Les épisodes fluctuent, avec quelques erreurs de proportions entre personnages. Ce n'est pas étonnant venant d'une série de cette époque, et il n'y a pas grand chose de catastrophique.

J'ai l'impression aussi que l'épisode 12, Le Grand Duc, a été animé à l'aide de l'ordinateur vu les effets de transitions et le léger flou des décors. C'est assez marrant ce changement de technique.

Le résultat est donc un peu mitigé, ses infidélités le placent en deçà de son modèle et donc probablement des adaptations qui suivront.

Malgré tous mes reproches, la série est loin de se suivre sans déplaisir, quoique l'ennui se manifeste au sein de quelques histoires : il y a des restes du Lucky Luke original ; mais la seule chose que la série réussit efficacement, c'est de donner envie de lire les BD.

GaletteLaser
6
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le 13 juil. 2023

Critique lue 42 fois

GaletteLaser

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