Omar Sy revient dans une série événement Netflix et reprend la mythologie du célèbre gentleman cambrioleur Arsène Lupin. Alors, hommage ou assassinat littéraire ?
Rappel des faits
Assane Dip est un fils d'immigré sénégalais, qui s'est construit, après le suicide de son père en prison, par la lecture des livres d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc. Aujourd’hui adulte, il est devenu une sorte de calque de son personnage favori. Mais un jour, le bijou volé qui avait conduit son père vers la disgrâce est retrouvé et vendu aux enchères. Assane décide alors de le voler, mais également de mener l'enquête sur les circonstances exactes du vol de l'époque.
Dans l'ombre d'Arsène
Lupin arrive à nous surprendre là où on ne l'attendait pas. Avec une tête d'affiche si connotée comique, je m'attendais, à la vue du sujet, à un véritable loupé du type Canal+. Pourtant, François Uzan, après avoir prouvé sa valeur comme scénariste sur Family Business, passe le cap de la création et nous offre une histoire inventive, entre hommage littéraire et "copycat" à l'américaine. L'humour d'Omar est naturellement présent et les deux personnalités de notre héro se révèlent au fur et à mesure des épisodes, offrant ainsi un éventail narratif riche et très plaisant à regarder.
Dans l'ombre de la caméra
Derrière la caméra, nous retrouvons entre autre Louis Leterrier, un habitué des productions musclées comme L'Incroyable Hulk ou encore Insaisissables, mais aussi une ribambelle de productions signées Besson. La série est du coup dynamique, la mise en scène est soignée et les décors sont nombreux et assez emblématiques de la capitale. Leterrier impose un style actuel, rythmé et assez inhabituel pour une série hexagonale. Les trois premiers épisodes lui sont d'ailleurs offerts pour le tempo, et on peut dire que c'est réussi.
Rapidement, nous voyons aussi que Lupin a des prétentions internationales et c'est peut-être aussi ce qui sauve cette série des abîmes dans lesquelles des fiascos français comme Marseille ou Osmosis se sont jetés corps et âmes. On comprend donc mieux les 70 millions de visionnages depuis son lancement. Détrônant même Le jeu de la dame et démontrant ainsi que l'Espagne avec Casa de papel, et maintenant la France avec Lupin, sont capables de faire aussi bien que les Américains, lorsque le média de diffusion offre les mêmes chances à tout le monde.
Omar m'a tuer ?
La grande question, celle qui titille un bon nombre de critiques et pas seulement littéraires, c'est de savoir Sy Omar a tué Lupin. C'est à dire, de savoir si l'adaptation fait honneur ou honte à l’œuvre de Maurice Lebanc. Et en ce sens, les avis divergent et c'est énorme comme disait Pierre ! Adapter en série Arsène Lupin a déjà été fait à de nombreuses reprises, et plus le temps passe, et plus le contexte historique s'éloigne. Donc revisiter, plutôt qu'adapter, est pour le coup plutôt judicieux.
Mais là ou le génie de François Uzan intervient, c'est dans le fait de ne rien changer à l'histoire de Lupin, mais au contraire de montrer un hommage sans transgression, en offrant tous les honneurs à l'auteur. Nous sommes plus dans une déclaration d'amour à Lupin, que dans une série qui traite de l'histoire de Lupin. Et le jeune Assane incarne cet amour, car pour le coup, Lupin est son père spirituel, celui qui a façonné sa vie, et celui qui guide ses décisions. Pour ma part, je pense qu'Omar n'a pas "tuer", mais ressuscité Lupin. Et les ventes de livres, ainsi que certaines émissions de radio faisant la lecture des romans en sont la preuve incontestable.
On zappe ou on matte ?
Cette première partie de saison est parfaitement dans les normes d'aujourd'hui et suffisamment palpitante pour avoir une folle envie de voir sa seconde partie rapidement. En même temps, c'est bien vu de la part de Netflix, puisque cela obligera un bon nombre de personnes à regarder de nouveau la première partie pour enchainer directement sur sa suite.
Alors, que vous soyez curieux ou suffisamment patient pour attendre la seconde partie, vous devez regarder Lupin ! Car après de si nombreux ratages français sur la plateforme, il s'agit de la première vraie bonne série produite par Netflix France. Il était temps ! Donc, n'est ce pas, bien sûr ...