Difficile d'aborder une série aussi contradictoire dans ses intentions.
Sitcom en noir et blanc (remasterisée en couleurs) tout ce qu'il y a de plus banale dans le comique de situation qu'elle déploie, on y suit les trépidations d'une sorcière, Samantha, mariée à un certain Jean-Pierre Stevens, humain un peu benêt quant à lui. Et il n'aime pas trop la magie... C'est donc un petit ménage américain tout ce qu'il y a de plus normal qui va se retrouver confronté à d'abracadabrantes aventures, au grand désarroi du mari, qui ne demande qu'à vivre une vie normale, et de Charlotte Kravitz, une voisine insupportablement fouinarde.
Dans une série des années 60, cultivant très logiquement le culte de la famille américaine moyenne avec monsieur le mari qui travaille pour nourrir sa petite femme très heureuse de faire la cuisine et le ménage pour monsieur, difficile de ne pas voir une orientation féministe assez inédite pour l'époque, avec une femme refusant de se soumettre à la plus stricte loi de son mari. La véritable pierre d'achoppement de ce message est que l'on voit bien plus là-dedans de l'impertinence potache que de la véritable révolte (au sens restreint du terme), puisque Samantha ne fait bien souvent que désobéir pour rigoler et mettre des bâtons dans les roues du méchant anti-progressisme machiste. Pour finalement retourner systématiquement à son état de femme au foyer promettant de ne plus jamais secouer son joli nez.
Si au pire cette série ne faisait que 3 ou 4 saisons ça serait digérable, mais au bout de 8 saisons on finit par sérieusement s'interroger sur la patience de Jean-Pierre... Ne devrait-il pas en avoir marre à un moment donné, au bout de plus de 200 petites impertinences ? Même si parfois il semble en avoir bon besoin... Le véritable message de Ma sorcière bien-aimée serait-il de promouvoir un amour inaliénable à l'épreuve de toutes les tracasseries qu'entraîne le choix de sa partenaire ? Ce n'est jamais très clair...
Reste à s'accrocher à cette avalanche de stéréotypes rigolos de temps en temps et à l'apparition de personnages historiques aux attitudes souvent biaisées.