Difficile de noter Mafiosa dans SC : aucune saison n'aurait la même note. Ce qui caractérise Mafiosa c'est que chaque saison est différente et le niveau d'écriture, de mise en scène et de jeu des acteurs varie à chaque millésime. La saison 1 posait les bases et présentait une série prometteuse qui est partie dans une direction différente dans la saison 2 dans laquelle les acteurs changent, le décor et où la violence passe un nouveau cap. La série reprend des couleurs avec la saison 3 dans laquelle les tournages se font enfin en Corse et aussi à Marseille. On sent d'ailleurs que la CTC a lesté le budget en exigeant à chaque épisode sa dose de tours génoises, de paysages et de phrases en corse, on est pas loin de la carte postale.
Mais c'est la saison 4 qui donne tout son sens à la Mafiosa qui lâche son caractère évanescente pour devenir la marraine noire de la mafia corse. Après avoir assassiné son frère, ses proches deviennent des obstacles, ses alliances des ennemis et son réseau d'alliés se recompose après chacun des meurtres qui ponctuent les épisodes. La traque de la police est assez finement décrite, on sent une certaine inspiration de The Wire dans le jeu des écoutes. Il manque juste une description plus complète des affaires des Paoli dont on voit juste un bar et un cercle de jeu dans cette saison, loin des réseaux internationaux qui commençaient à se tisser précédemment.
[Màj 05/2014] La saison 5 donne tout son souffle à la série. Les personnages révèlent leur vraie personnalité, les alliances se nouent et se dénouent et le business prend enfin la place qui devrait être la sienne avec un sujet comme celui ci. La rivalité entre Sandra et Carmen donne son caractère tragique à cette ultime saison qui dépasse toutes les autres par son intensité émotionnelle et scénaristique. Malgré de beaux moments, les maladresses se poursuivent : on découvre entre autres que Sandra est en fait lesbienne (bah oui vous comprenez elle a les cheveux courts et du pouvoir…), que Lydia (la femme de Jean-Michel) possède une immense entreprise de ferries qui attire les convoitises des Paoli comme des nationalistes ou encore qu'un des flics dérive complètement (les amateurs de séries Canal reconnaitront la ficelle de Roland Vogel dans Braquo). Des personnages de premier ordre dans cette saison apparaissent (Charly la belle qui fait craquer Sandra, un avocat, toute une branche des Paoli) et d'autres passent au second plan comme le vieux Doumé. La saison était bonne en soi mais le scénario continue de manquer de consistance entre les saisons, comme si l'auteur dans sa tour d'ivoire cherchait à clôturer la série en beauté sans trop se préoccuper de la cohérence de l'ensemble. Tout cela résonne avec les propos du DG de Canal, Rodolphe Belmer, qui déplorait dans une tribune "l’incapacité de nos auteurs à créer en équipe".