Making an innocent
Série évènement d'ores et déjà devenue phénomène de société, Making a murderer relate les évènements et le procès de Steven Avery, un redneck plus qu'énigmatique déjà condamné en 1985 à 18 ans de...
le 6 janv. 2016
13 j'aime
8
Voir la série
Série évènement d'ores et déjà devenue phénomène de société, Making a murderer relate les évènements et le procès de Steven Avery, un redneck plus qu'énigmatique déjà condamné en 1985 à 18 ans de prison pour un viol qu'il n'a pas commis et dont il sera définitivement innocenté en 2003.
En 2005 une nouvelle affaire éclate aux alentours de la propriété des Avery, une ravissante casse automobile qui ferait passer les friches industrielles du Pas-de-Calais pour des aires de pique-nique.
Le système judiciaire s'enraye, patine, déraille, et les épisodes s'enchaînent au rythme un peu ronronnant des interrogatoires, des interviews, des témoignages et des enquêtes de la défense.
L'erreur judiciaire (ou la possibilité de l'erreur judiciaire, ce qui revient au même) plane comme un spectre au-dessus de toute l'affaire, spectre devant lequel le spectateur ne peut que se sentir horrifié, scandalisé, choqué etc...
Si l'on ajoute au décor une population white trash dont le Q.I moyen avoisine celui d'un haricot vert, on se retrouve assez vite dans une sorte de mélange entre l'affaire Dominici et Twin Peaks.
(Mais qui a tué Teresa-Laura Halbach-Palmer ?)
On arguera du fait qu'il ne s'agit que de documents d'archives, donc d'une histoire vraie, donc de la vérité, et on aura tort. Ça n'est pas parce que la mise en scène est subtile (voire invisible) qu'il n'y a pas de mise en scène...
Et c'est là où le bât blesse un peu.
On aurait en effet pu s'attendre à un traitement de cas relativement exhaustif étant donné la longueur de ce docu-fiction. Le genre de cas qui divise, qui clive ( le mot est à la mode ), qui déchaîne les passions de part et d'autre de l'accusé - une sorte d'affaire Dreyfus à l'américaine en gros, mais il n'en est rien.
Les dix heures de "Making a murderer" se déroulent comme un long plaidoyer entièrement à décharge dont le but avoué est de pointer du doigt les absurdités et les dysfonctionnements du système judiciaire yankee.
D'un côté l'establishment et ses sherifs, rigides, peu scrupuleux et farouches défenseurs d'une loi expéditive, de l'autre une famille pauvre, démunie et victime d'une conspiration motivée par le délit de sale gueule.
Inutile de dire qu'entre les deux clans, le coeur du spectateur ne balance pas longtemps.
Là où les médias charognards ont, comme l'indique le titre, fabriqué un coupable ( en fait deux mais bon ) à grands renforts de spectaculaire, la série prend le parti inverse, ce qui n'a rien de moins vicieux quand on y réfléchit.
On est tellement scandalisé par cette flagrante parodie de justice - y'a-t-il pire injustice que celle de voir condamner un innocent (?), qu' on en oublie un peu vite les ficelles de l'émotion sur lesquelles reposent ces dix épisodes qui réussissent, au prix de nombreuses omissions et contradictions, un tour de magie largement aussi impressionnant : celui de fabriquer un innocent.
Car au final, on n'est absolument sûr de rien, et il ne reste plus qu'à attendre le long-métrage de David Lynch pour achever de brouiller des cartes déjà bien truquées.
NB : Le système judiciaire états-unien, défini comme "accusatoire", ne fait pas la même place à la présomption d'innocence que la plupart des systèmes judiciaires européens. On a tendance à l'oublier, gavé que l'on est depuis 40 ans par les séries américaines... Et non, en France on n'appelle pas le juge " votre honneur " ;-)
Créée
le 6 janv. 2016
Critique lue 1.6K fois
13 j'aime
8 commentaires
D'autres avis sur Making a Murderer
Série évènement d'ores et déjà devenue phénomène de société, Making a murderer relate les évènements et le procès de Steven Avery, un redneck plus qu'énigmatique déjà condamné en 1985 à 18 ans de...
le 6 janv. 2016
13 j'aime
8
Assez déçu par cette série ; je m'attendais à ce que le système judiciaire soit vraiment entâché, mais pas vraiment en fait. Pour tout dire, arrivé à la fin du premier épisode, je me suis dit que...
Par
le 23 juin 2016
11 j'aime
18
En 2005, Laura Ricciardi et Moira Demos, s'intéressent au cas de Steven Avery, (et de son neveu) condamnés par le conté de Manitowoc, dans le Wisconsin. Elles réalisent sur une dizaine...
Par
le 19 déc. 2019
9 j'aime
3
Du même critique
En v'là une de critique qui va être simple tiens. Autant commencer par le commencement, le titre. Du "Love and Mercy" original, voilà qui donne donc en français "Love and Mercy : La véritable...
le 16 déc. 2016
15 j'aime
12
Ici tout est question d'époque, d'âge et de références. Si vous êtes nés après la sortie de Terminator 2, il y a peu de chance que ces quelques mots vous touchent, et puis après, on ne peut pas...
le 5 sept. 2013
15 j'aime
1
...Car c'est ainsi que se nomme cette trilogie qui, à l'heure où j'écris ces lignes, est sur le point de s'achever avec la sortie du dernier volet tant attendu par les aficionados ! En effet, nous...
le 15 août 2013
14 j'aime
3