Marble Hornets
7.1
Marble Hornets

Websérie YouTube (2009)

Quand filmer un projet étudiant se transforme en cauchemar de Gopro

Marble Hornets, c’est un peu comme si tu décidais de suivre un ami pour faire un petit film étudiant sans prétention, et qu’au lieu de la gloire sur YouTube, tu finissais par être traqué par un homme sans visage et qu’un caméscope devenait ton seul espoir de survie. Bienvenue dans l’univers du found footage à la sauce Slender Man, où chaque vidéo tremblante te rapproche un peu plus de l’angoisse… ou te donne un léger mal de mer. Prépare-toi à être intrigué, stressé et parfois à te demander ce que tu viens de regarder pendant 10 minutes.


L’histoire commence de manière plutôt simple (pour l’instant) : Alex, un étudiant en cinéma, abandonne soudainement le tournage de son projet, Marble Hornets, sans explication. Jay, son ami (et futur détective amateur malgré lui), décide de fouiller les vieilles cassettes pour comprendre ce qui s’est passé. Ce qu’il découvre, c’est une descente progressive dans la folie, avec une créature mystérieuse et terrifiante, le fameux "The Operator", traquant Alex et son équipe, toujours en hors champ, bien sûr. Sauf que cette entité sans visage et en costume cravate ne se contente pas d’apparaître pour faire peur : elle semble capable de distordre la réalité, les souvenirs, et le temps lui-même.


Ce qui rend Marble Hornets unique, c’est son utilisation du format found footage de manière quasi brute. On est loin des productions lissées et montées de manière à maximiser les jumpscares. Ici, tu as des séquences longues, des plans tremblants, des coupures brusques et des silences pesants où rien ne semble se passer… jusqu’à ce que tu réalises que quelque chose n’allait pas dans le coin de l’image. Le format est à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse de la série. Si tu aimes l’immersion totale et l’horreur minimaliste, Marble Hornets est une masterclass de tension lente. Mais si tu n’es pas fan des vidéos granuleuses où tu passes 10 minutes à scruter l’écran pour voir si tu vas apercevoir quelque chose, tu pourrais parfois te retrouver frustré.


Le personnage principal, Jay, est plus détective accidentel que héros courageux. Ce qui est rafraîchissant, c’est qu’il n’a aucune idée de ce qu’il fait. Il ne s’agit pas ici d’un expert en surnaturel, mais d’un type normal qui se retrouve à fouiller des cassettes pour comprendre ce qu’il s’est passé, avant de se rendre compte qu’il est, lui aussi, pris dans la toile du mystère. Ses recherches, documentées sous forme de "entries" (vidéos numérotées), te laissent découvrir, en même temps que lui, les indices et les événements terrifiants qui entourent The Operator.


Le Slender Man, pardon, The Operator, est la véritable star de la série. Jamais montré en gros plan, toujours présent d’une manière subtile et flippante, il devient une menace omniprésente. Ce qui est particulièrement efficace dans Marble Hornets, c’est l’idée que cet être ne se contente pas de "faire peur" comme dans un film d’horreur classique. Non, ici, il perturbe la réalité, manipule les souvenirs, et crée une atmosphère de paranoïa où tu ne sais jamais ce qui est réel ou non. Chaque apparition de The Operator est aussi discrète qu’effrayante, et c’est cette subtilité qui rend l’horreur si oppressante.


Visuellement, Marble Hornets ne joue pas dans la cour des productions hollywoodiennes, et c’est volontaire. Le grain de l’image, les coupures soudaines, et les angles de caméra parfois étranges renforcent l’immersion. Tu as vraiment l’impression de fouiller de vieilles cassettes laissées à l’abandon, avec toutes les imperfections et les bizarreries qui viennent avec. Ce choix artistique peut être à double tranchant : d’un côté, cela accentue l’effet réaliste et renforce le malaise, mais d’un autre, cela peut donner l’impression que certaines séquences s’étirent inutilement.


Le rythme de la série est, sans surprise, assez lent. Ne t’attends pas à un festival de jumpscares ou à une intrigue qui avance à grande vitesse. Marble Hornets prend son temps, te laissant mariner dans l’angoisse, et parfois dans la confusion. Certains moments peuvent te laisser sur ta faim, surtout si tu es habitué à des résolutions plus rapides et à des réponses immédiates. Ici, le mystère s’étire et s’épaissit, créant une atmosphère où tu te sens perdu, un peu comme les personnages.


Un des points forts de Marble Hornets est son aspect communautaire. En effet, au moment de sa sortie, la série a créé un véritable buzz en ligne, notamment grâce à ses interactions avec les spectateurs à travers d’autres chaînes YouTube liées à l’univers de la série. C’était une expérience immersive, où les fans cherchaient eux-mêmes à résoudre les énigmes et à comprendre les éléments cryptiques laissés ici et là. Ce type d’interaction rend la série encore plus immersive pour ceux qui veulent s’investir.


Cependant, Marble Hornets n’échappe pas à certains défauts. L’intrigue, bien que fascinante, peut devenir opaque à certains moments, et certaines vidéos donnent l’impression de n’être là que pour "faire durer le suspense" sans réellement apporter d’éléments nouveaux. Si tu n’as pas la patience pour les mystères qui s’étirent en longueur, tu pourrais parfois décrocher.


En résumé, Marble Hornets est une série qui fait du found footage sa force principale, avec une ambiance de terreur subtile et une immersion totale dans un cauchemar sans visage. Si tu aimes l’horreur minimaliste, les mystères non résolus et les caméras tremblantes qui semblent tout filmer sauf ce que tu attends, tu trouveras dans Marble Hornets un voyage angoissant et fascinant. Mais prépare-toi à scruter l’écran, à te poser des questions… et à ne jamais regarder un homme en costume cravate de la même manière.

CinephageAiguise
6

Créée

le 25 oct. 2024

Critique lue 4 fois

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