Pourquoi tant de haine ?
J'avoue avoir été surpris par l’acharnement à l’endroit de “Marseille”. Bien sûr, la série n’est pas exempte de défauts - citons en vrac : Le côté hésitant (surtout dans les premiers épisodes) de...
le 8 mai 2016
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J'attendais, comme beaucoup de gens, énormément de Marseille. La superbe bande-annonce laissait supposer qu'on allait avoir une bonne série politique, sombre et violente à l'image de la merveille qu'est House of Cards. Les critiques très négatives de la presse m'avaient un peu échaudées bien entendu, mais j'étais déterminée à me faire mon propre avis.
Je vais l'avouer directement : je n'ai pas tenue bien longtemps. Tout simplement parce que la série à le pire défaut qui soit, à savoir celui de prendre son public pour des cons, en prétendant être une chose qu'elle n'est absolument pas.
Marseille n'est pas de la politique-fiction, c'est avant tout une saga familiale et l'histoire d'une rivalité qui baigne légèrement dans une vision de la politique complètement à côté de la plaque. Tout ce qui aurait pu être réellement osé, subversif, et intelligent a été précautionneusement ôté pour ne laisser qu'une soupe vulgaire et clichée dont on espérait sans doute qu'elle plairait au plus grand nombre. Raté.
Car oui, Marseille n'est pas une série sombre : c'est surtout une série vulgaire. Vulgaire dans ses dialogues, vulgaire dans le traitement de ses personnages, abominablement clichés (surtout s'ils sont féminins), et vulgaire dans son traitement de la ville même. Je sais que Marseille n'est pas qu'un point de paradis, qu'elle est une cité particulièrement complexe où la richesse côtoie la pauvreté la plus absolue. Le problème, c'est que sous la caméra, elle se résume finalement à ces deux simples aspects, sans jamais aller dans la nuance. C'est blanc ou noir, magnifique ou cradingue. D'ailleurs la réalisation a exactement le même problème : soit les plans seront absolument splendides et iconiques (notamment les plans aériens), soit ils seront dignes d'un vieux téléfilm du samedi soir. Inutile de chercher des entre deux, vous n'en n'aurez pas.
Quant à l'histoire elle-même, on pourrait à la rigueur accepter le choix de raconter avant toute autre chose cette saga familiale, si seulement c'était bien traité. Sauf qu'encore une fois, c'est surtout terriblement insipide et vide, sans grand relief. On a le droit aux gros classiques du genre : un patriarche assommé par les drogues, une fille attirée par les mauvais garçons, une femme dépressive, un poulain ambitieux... tout ce qu'on a déjà vu 10 000fois, et qu'on ne veut plus revoir.
Alors oui les histoires de fesses s'enchaînent, oui il y a quelques passages violents, sauf que les passages en question ne sont clairement là que pour essayer de dire aux spectateurs « regardez, cette série ose, c'est incroyable ! ». A aucun moment ces éléments n'aident à définir un point de l'intrigue ou un personnage de façon intéressante. Ils sont justes totalement gratuits, et si je peux normalement accepter qu'on essaye d'ajouter un peu de piquant à une série pour attirer le chaland, c'est ici bien trop flagrant et inutile pour que je puisse avoir cette même tolérance.
Concernant les acteurs, ce n'est pas la catastrophe totale mais personne ne brille réellement non plus. Depardieu passe tranquillement l'examen mais sans plus, Maginel est complètement à côté de la plaque, et les autres acteurs font plus ou moins leur job mais sans éclat. Pas facile, il faut dire, de donner le meilleur de soi-même quand vous êtes enfermés dans des rôles aussi stéréotypés, je ne leur en tiendrait donc pas rigueur.
Vous me direz peut-être que le constat est sévère, surtout si je prends effectivement comme modèle House of Cards, que j'ai cité plus haut. Sauf que c'est exactement ainsi que la série a été vendue. C'est sous cet angle que Netflix nous a offert le bébé, en nous servant même une BA qui éclipsait quasi toute la dimension familiale, pourtant omniprésente. Et c'est là qu'on en revient au fait que les spectateurs sont visiblement pris pour des abrutis.
La production n'a pas osé aller au bout de ses ambitions. Enfermée dans des habitudes bien françaises, elle n'a pas compris qu'en 2016 et sur un média tel que Netflix, il ne fallait pas s'enfermer dans une mécanique de feuilleton de l'été façon France 2. Ce n'est pas la ménagère de plus de 50 ans qu'il faut séduire, mais un public plus jeune, nourri aux productions américaines et britanniques audacieuses. Et ce n'est pas en offrant une bande-annonce chiadée, quelques plans bien tournés, du cul et quelques punchlines plus vulgaires qu'efficaces qu'on arrivera à le duper.
Bref, Marseille est un énorme flop. Espérons que ce sera une leçon pour la prochaine production française "made in Netflix" mais j'ai bien peu d'espoir.
Créée
le 7 mai 2016
Critique lue 816 fois
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