Martin Mystère est typiquement le genre de « dernière option » pour passer la soirée avec des potes et du pop-corn. Au cas où vous auriez vidé la bibliothèque de films d’horreur de ce pote un peu taré et que les histoires d’horreur ne soient pour vous qu’un ridicule passe-temps, ce dessin animé jouera aisément le rôle de remplaçant un peu attardé. C’est tout simplement un concentré 2nd degré volontairement nanardesque et pathétique de tous les stéréotypes du genre.
Rien que le début de chaque épisode annonce la couleur. Rapide exposition de la menace qui pèse sur l’épisode (avec expressions horrifiées des premières victimes et dissimulation de l’entité antagoniste) précède la déclamation sur un ton hyper-caricatural du nom de l’épisode sur un fondu terne et verdâtre : de pâles parodies de titres de films de série B, voire carrément Z (La Créature du Marais, La Malédiction des Abysses, Enlevés dans l’Autre Dimension, La Vengeance de l’Araignée… Admirez comme ça vole haut), beaux annonciateurs du contenu à venir, bercé par cette ambiance faussement creepy et ce design franchouillard particulièrement inspiré du style manga.
Quels antagonistes ? Des aliens ou des monstres, aussi bien inventés que tirés de folklores obscurs ; quelle instance pour les combattre ? Le Centre, organisme ultrasecret d’agents humains et extraterrestres usant de technologies avancées, comme la capacité de créer des portails pour y entrer ou en partir de n’importe où ; quels agents ? Tel que nous regardons la série, un adolescent immature attardé fan de films d’horreur et sa sœur studieuse et sérieuse, tous deux étudiants dans une académie québécoise branchée, épaulés par l’homme à tout faire, un homme des cavernes décongelé s’exprimant en français simplifié. Vous avez pas déjà assez de clichés comme ça ? PANG : une montre-gadget ultraperfectionnée fournissant tout son lot d’accessoires comme un filet, un grappin et du matériel de biochimie ; des substances visqueuses disséminées un peu partout où les monstres passent ; des transitions à base d’insectes dégoulinants sur l’écran, deus ex machina en pagaille…
En bref, Martin Mystère est simplement une série parodique et qui remplit très bien ce rôle ; les épisodes se regardent d’un œil amusé vis-à-vis de la culture du film d’épouvante que nous avons ; c’est en fait un dessin animé qui joue avec notre perception du genre pour que la tournure en dérision de sa foultitude de clichés fonctionne d’autant mieux. Les codes habituels du format sériel comme les visites de papa/maman, épisodes souvenir, filler ou spin-off se font d’ailleurs relativement discrets (quand il n'y en a même parfois tout simplement pas), et ne donnent pas trop de lourdeur au déroulement des diverses intrigues relatives, ainsi le tout s’enchaîne sans déconvenue. Le piège se referme malheureusement dans la saison 3, qui n'envoie plus nos agents aux quatre coins du monde, préférant les enquêtes au sein de leur campus ou leur ville ; un peu décevant quand on est habitué à voyager un peu...