Qu'il a été dur de me retenir de ne pas m'enfiler les trois saisons de cette série, du fait de la chronologie qui implique de passer d'une série à l'autre à chaque nouvelle saison... Mais je peux dire que Daredevil a été ma carotte, me permettant de tenir et d'endurer les outsiders (soporifiques mais néanmoins pourvus de potentiel) comme Luke Cage ou encore Iron Fist...
Je dois avouer qu'à la base je n'étais pas très motivée à me lancer dans cette nouvelle adaptation des aventures new-yorkaises du Diable de Hell's Kitchen alias Matt Murdoch, avocat devenu aveugle accidentellement mais depuis doté de capacités altérées qui lui confèrent des "pouvoirs" plutôt remarquables. Hé oui, on a tous en mémoire le film de 2003... Sauf qu'ici, rien à voir. On est dans un registre bien différent, sombre, glauque, violent, sans concession avec un (anti) héros jusqu'au-boutiste pour qui le sens du sacrifice/devoir est à la fois une malédiction et ce qui définit son existence même.
Ici, Daredevil est profondément humain, avec ses failles, ses traumas, ses erreurs, son courage quasi christique. Charlie Cox, qui réalise lui-même ses cascades et ses scènes de combat, crève littéralement l'écran ! Il livre une interprétation remarquable pleine de justesse et campe un personnage à la profondeur psychologique complexe, fouillée et qui connaît une très belle évolution (tous comme les autres personnages principaux). Souvent, Matt m'a émue aux larmes, filé la chair de poule et bien évidemment, chaque coup qu'il reçoit (et il s'en mange des tonnes - je crois que je n'avais encore jamais vu le héros d'une série de ce type s'en prendre autant plein la gueule !) résonnait en moi. Oui, on peut difficilement ne pas éprouver d'empathie pour ce personnage si attachant, rejeté depuis l'enfance, handicapé mais "modifié", catholique (il ne tue pas) et solitaire. Et pour paraphraser Nietzsche, à force de trop regarder l'abîme et la noirceur humaine, Daredevil va se retrouver sur le fil, dans un entre-deux, luttant pour ne pas devenir lui-même un monstre...
Pour rester dans la thématique du monstre, impossible de ne pas parler de l'antagoniste de la série.Il n'est pas le seul mais sa prestation est si dingue et géniale qu'on n'est pas prêt d'oublier Wilson Fisk alias le Caïd, un génie du crime et une brute épaisse pleine de finesse et de sensibilité ! L'interprétation de Vincent D'onofrio est exceptionnelle, pas étonnant que ce personnage figure dans le top des méchants les plus iconiques de la Pop Culture et du Marvel Universe ! C'est une ordure sans nom, un être répugnant mais pourtant, il parvient, on ne sait comment, à nous faire ressentir de l'empathie, le truc de dingue !
Daredevil est pour moi l'une des révélations de cette année (et du MCU) même si la série date d'il y a quelques années maintenant. Concernant les séries Marvel/Netflix elle caracole en tête, c'est indéniable. On peut difficilement lui trouver des défauts, à part, peut-être, quelques longueurs mais plus on avance dans les saisons, plus on monte en qualité (et on partait déjà de très haut) ! Je retiendrai des scènes cultes (les plans séquences dans chaque saison sont de plus en plus incroyables et filmés avec virtuosité !), les personnages secondaires attachants comme Karen Page et Foggy Nelson, les rebondissements, la violence et la noirceur qui sont le ciment de ce programme. Techniquement, c'est excellent et efficace. La présence d'autres antagonistes est appréciable (Elektra, le Punisher ou encore Bullseye). De même que j'ai été très sensible à l'atmosphère sombre, poisseuse, "rouge" sang et ce sentiment que le quartier de Hell's Kitchen était semblable à une bouche de l'enfer où l'espoir s'amenuise face à cette gangrène qu'est la pègre et le crime organisé, dirigé d'une main de maître par Fisk. Difficile aussi de ne pas faire le parallèle d'un Christ qui saigne inlassablement pour son quartier et sa ville lorsqu'on voit Matt Murdoch ramasser à chaque épisode et se relever, même si les ténèbres s'emparent peu à peu de lui.
Vous l'aurez compris, c'est un coup de coeur pour moi. Daredevil a enfin bénéficié d'une adaptation à la hauteur de ce qu'incarne le personnage dans les comics. Il est clairement au-dessus de la mêlée en ce qui concerne les séries Marvel (hors Disney Plus). Le personnage, à l'issue de la 3ème et dernière saison, a du potentiel et j'espère qu'on pourra, un jour prochain, le revoir ainsi que son inoubliable interprète, Charlie Cox, LA révélation de la série.