Mental, diffusée sur france.tv Slash en 2019, n’est pas une série sur les ados classiques en quête d’amour ou de popularité – c’est une immersion dans les affres de la santé mentale, avec des personnages qui ont autant de nuances que de cicatrices, visibles ou non. Exit les lycées et les cours de sport, ici, c’est le quotidien d’une clinique psychiatrique pour jeunes qu’on explore, avec son lot de drames, d’humour noir, et de moments de vulnérabilité aussi gênants que touchants.
La série suit la vie de Marvin, un ado paumé qui se retrouve interné, malgré lui, dans un centre de soins. Au début, il voit cette institution comme une prison – mais à mesure qu’il rencontre les autres patients, il réalise que, dans cet univers cloisonné, chacun a ses propres failles et ses propres façons de les gérer. Chloé, Simon, Estelle : chaque personnage est un portrait de la complexité humaine, à la fois en marge et parfaitement à sa place dans cet univers où l’on ne cache rien de ses névroses. Loin de l’image stéréotypée de la "folie", la série nous montre plutôt des jeunes qui essayent de comprendre ce qui se passe dans leur tête, avec des méthodes parfois… très personnelles.
L’humour de Mental est décapant et sans fard, ponctué de moments où l’on rit de façon nerveuse, tant les personnages enchaînent les remarques acerbes et les situations incongrues. Les dialogues sont crus, directs, sans filtre, et, au lieu d’édulcorer la réalité de la santé mentale, Mental se plaît à l’aborder sans détour. C’est cette honnêteté qui rend la série à la fois rafraîchissante et parfois inconfortable, car elle expose des problématiques souvent invisibilisées, et nous place face à des émotions brutes, sans nous donner d’échappatoire.
Visuellement, la série opte pour une ambiance minimaliste et presque claustrophobe. Les chambres, les couloirs, les espaces de thérapie – tout respire le blanc clinique, mais un blanc où chacun, avec ses vêtements colorés et ses expressions intenses, essaie de ramener un peu de vie et de folie. La caméra se faufile souvent très près des personnages, capturant leurs expressions et leurs tics de façon presque intrusive, comme pour mieux nous faire sentir leur anxiété et leurs moments de relâchement.
Au fond, Mental n’est pas là pour nous offrir des solutions ; elle nous propose plutôt de faire un bout de chemin avec ces ados et de comprendre leurs luttes quotidiennes, sans filtre ni fioritures. Chaque épisode est comme une session de thérapie chaotique, où l’on se surprend à voir un peu de nous dans chacun d’eux, à la fois normaux et hors-normes, perdus mais attachants.
En conclusion, Mental est une série qui bouscule, qui fait rire et qui émeut, souvent en même temps. Elle parle des jeunes d’aujourd’hui avec un réalisme troublant, sans chercher à embellir ou à adoucir les contours rugueux de la santé mentale. C’est une série où l’on entre en pensant simplement regarder des ados un peu cassés et d’où l’on sort avec une compréhension élargie de la résilience humaine, avec ses moments de lumière et ses zones d’ombre.