La seule raison pour laquelle j'ai enfin sauté le pas pour regarder Merlin ? Les fanfictions (définition ici). Il y avait tant d'auteurs que j'apprécie qui en faisaient dessus, je me suis dit que ça ne pouvait pas être que du mauvais. Je me suis déjà faite avoir par Teen Wolf, pourtant. M'enfin, je m'y suis mise, ne serait-ce que pour la voir sublimée ensuite par de belles plumes. C'est dingue ce que l'auto-persuasion peut pousser à faire.
Verdict ?
La base est très simple : dans un royaume où règne à présent paix et prospérité, Camelot, le roi Uther Pendragon a banni toute forme de magie et met à mort tous ceux suspectés d'en pratiquer ou d'aider ceux qui la pratiquent.
C'est dans ce contexte que Merlin, sorcier prodige, a la destinée de protéger le prince Arthur Pendragon jusqu'au jour où il deviendra roi, le tout sans jamais révéler son secret à qui que ce soit, bien entendu.
La première chose qui saute aux yeux dans Merlin, c'est son inconstance.
On peut se retrouver avec des épisodes très mauvais où on multiplie blagues sur le caca ou autres enfantillages répétitifs et grossiers, trame scénaristique convenue et moralité écœurante, et le fait qu'elle ait été (et soit encore ?) diffusée sur Gulli n'aide en rien (le double épisode "La Belle et la Bête", en plus d'en être un parfait exemple horriblement long, a vraiment été gênant à regarder. Dommage, surtout qu'il est suivi de deux excellents épisodes !). Puis on se retrouve à voir quelque chose de surprenant et haletant, réellement empathique au niveau des personnages et bien maîtrisé. Alors certes, toute série a ses hauts et ses bas, mais les bas de Merlin sont particulièrement embarrassants.
Ceci dit, la manière dont le mythe est revisité est pour le moins intéressante, tout comme le développement de certains personnages, bien qu'il soit souvent aussi subtil qu'un pachyderme. Là encore, on se heurte à un jeu d'acteur pas toujours crédible (coucou, Katie McGrath qui en fait des caisses à chaque fois qu'elle doit montrer qu'elle fait partie des méchants ! En même temps, vu les rôles de merde qu'ils se tapent parfois, on ne peut pas décemment leur en vouloir. A garder en tête également que ce sur-jeu abominable fait certainement partie des directives de réalisation), et les effets spéciaux sont, pour le coup, franchement cheap (ceci dit, après avoir regardé Buffy contre les Vampires, Warehouse 13 ou encore Doctor Who à leurs pires heures, je peux vous assurer qu'il y a pire).
De plus, il semble y avoir une volonté de présenter un nouvel arc à chaque saison, avec des personnages qui ont évolué en-dehors du cadre filmé, ce qui pourrait expliquer cette maladresse agaçante. Pourquoi ? C'est une bonne question. Pour garder un rythme égal sans se perdre dans des explications, ou parce qu'on a préféré laisser certains éléments du background obscurs pour laisser une place correcte au mythe dont il s'inspire et/ou à l'imagination ? J'avoue qu'aucune de ces deux hypothèses ne semble très concluante, et je reste perplexe.
Puis bon, il y a des thématiques abordées qui sont intéressantes, comme la diffamation envers les femmes (en même temps, Moyen-Âge, logique logique), les revers du rang social ou encore les catastrophes que peut engendrer une peur mal dirigée, mais pointer certains exemples du doigt nuisent parfois au décor. On en revient à la volonté de moralité un peu trop poussive, voire abusive. Enfin, je tire sur l'ambulance, mais en soi, ça ne m'a pas déplu. Ça a permit de donner un peu de caractère à certains personnages féminins, par exemple, ce qui est trop rare pour ne pas être salué.
Il ne faut pas non plus mettre de côté l'insistance répétée sur la période dans laquelle se retrouvent les jeunes Arthur et Merlin : il sont en plein dans une période de transition. Cela peut apparaître de manière sous-entendue (comme lorsqu'on évoque l'impossibilité d'un mariage entre un noble et une servante, ou encore les vieilles traditions qui interdisent d'adouber un chevalier si le concerné n'est pas un noble), ou beaucoup plus franchement lorsqu'on nous balance à la tête les erreurs et échecs du roi Uther en rappelant que son fils Arthur devra un jour monter sur le trône et sera, je cite, « le nouvel espoir de Camelot, qui accomplira de grandes choses et changera la vision qu'on a du monde ». (Bon, d'accord, j'ai menti : ce n'est pas une vraie citation. Mais l'idée générale est là.)
Ils ont fait avec les moyens du bord, je dirais, tout en essayant de donner un ton solennel et sérieux à l'oeuvre dans son ensemble, et à la limite en voyant le désastre de certaines blagues, on se dit que ce n'est pas plus mal.
Puis il reste, bien sûr, les fameux chevaliers de la table ronde. Je ne me voyais pas finir cette critique sans les mentionner un minimum.
Les mieux introduits sont évidemment Lancelot et Gauvain, puisqu'ils ont bénéficié de plus de temps pour la mise en place de leurs personnages, mais il faut avouer qu'on s'attache assez facilement aux autres, notamment Perceval (et pour le coup, avec une présentation du gars en trente secondes top-chrono, c'était pas gagné !).
La saison 4, qui regroupe tout ce petit monde, est beaucoup plus plaisante à suivre : plus d'interactions (et surtout plus d'interactions variées), des moments de solidarité et d'amitié qui ne donnent pas l'impression d'être enfoncés à coups de marteau sur le crâne, des blagues plus fines, un récit plus fluide. Ça fait du bien.
J'admets aussi que Merlin m'a fait verser des pitites larmes.
Ou, quand il s'agit d'un moment que ceux qui ont vu la série connaissent bien, m'a vidé de ma solution lacrymale et m'a laissée pendant un quart-d'heure à l'état de loque pathétique et chouinarde.
Enfin, j'avouerai que, malgré tous les défauts que je lui trouve, Merlin est une série qui m'a plu. Ce n'est pas la meilleure, loin de là, mais je n'ai pas regardé ses épisodes avec réticence (bon, sauf quelques exceptions), et elle a le mérite d'exister, et surtout, d'exciter l'imagination des fans. Il s'agit tout de même d'ingurgiter une quarantaine d'heures de vidéo, il est préférable de s'y mettre avec le sourire !
A présent... fanfictions, me voilà !
P.S. : Je conseille, sait-on jamais, de voir cette série en version originale si possible. J'avoue que je n'ai pas entendu ce que vaut le doublage français (je me contente donc de le craindre et le fuir), mais c'est toujours sympa d'avoir un bel accent anglais digne de la BBC.
A bon entendeur !